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Mazarinade n° A_2_2

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Brousse, Jacques [?] [1649], ADVIS AVX GRANDS DE LA TERRE. Sur le peu d’asseurance qu’ils doiuent auoir en leurs Grandeurs. Dedié aux Conseruateurs de leurs vies. , français, latinRéférence RIM : M0_487. Cote locale : A_2_2.


& par leurs vertus, ce que vous n’auez que du crime & du hazard, le perdirent
malheureusement : Les vns par de faux rapports, comme il s’en fait
tous les iours de vous, tel que fust Sadredin grand Fauory d’vn Roy de
Perse : Les autres par trahison, comme il s’en entreprend tous les iours
contre vous : telles que nous en voyons mille & mille dans les Histoires.
Plusieurs par hayne de leur Prince qu’ils auoient attiré sur eux par moins
que, ce que vous faites tous les iours, comme vn certain dans l’histoire
Romaine, pour vn ris qui despleut à l’Empereur. Enfin, par cent differentes
manieres, les vnes moins, les autres plus cruelles. Mais sur
tout ie vous puis asseurer, qu’il n’y en a presque point dans tous les liures,
qui ayent long-temps joüy de leur felicité, & qui l’ayent poussée iusques
au bout. Car comme toute chose tend à son centre, eux aussi dont la naissance
est obscure, & roturiere, retournent à leur neant ; Et comme vne
pierre ne peut durer en haut, de mesme ils ne peuuent, estant en ces supresmes
degrez qu’ils ne s’en precipitent de leur naturel.
 
 
ah ! nemo diu
Mobile beatæ sortis insedit iugum !
 
Et vous Princes, bien que la naissance semble authoriser vos sentimens,
& vous affranchir de l’empire de cette infidelle Deesse, ayant tout ce qui
compose vostre grandeur de vous mesme, & rien de ses fallacieuses liberalités,
apprenez qu’elle a tout au dessous de soy & rien au dessus ; Pas
seulement les Roys, a qui, quand bien elle ne vous domineroit pas vos
biens, vos trauaux, & vos vies, sont suiettes & entierement sousmises, &
desquels l’amitié, & les bonnes graces incertaines ; vous sont aussi necessaires,<lb/> pour vous entretenir dans vostre rang, que vous auez eu besoin
de vostre origine, pour vous y establir sans le secours de cette inconstante
Reine du monde, qui, si elle ne peut venir à bout de sa propre puissance
de vous perdre, quand elle l’aura entrepris, se seruira de celle de vostre
Roy, ou suscitera des enuieux contre vous, ou inuentera quelque
autre moyen, comme elle n’en manque point, pour faire par artifice ou
par trahison, le coup qu’elle n’aura plus faire de plein pouuoir, & à force
ouuerte :vi aut arte.Et de fait combien auons nous veu de grands Princes,
que la victoire suiuoit par tout, qui autant de fois auoient semblé defier
la rigueur du sort, qu’ils auoient liuré de bataille, en s’exposant à la teste
de leur armée, pour luy donner plus beau, sans iamais par aucun mauuais
accident auoir receu la moindre petite blesseure, & qui autant de fois
estoient demeurez vainqueur qu’ils auoient combatu ; estre enfin malheureusement
vaincus, non pas dans les combats, car ils y estoient indomptable,
mais, ce qui est encore plus digne de remarque & qui vous
doit donner de la terreur au milieu de vos plus fauorables prosperitez,
dans les entrailles des mesmes Royaumes qu’ils auoient conseruez & augmentez
au peril de leur propre vie & dans les mesmes lieux où ils auoient
receu tant d’honneur & d’acclamations publiques : non pas par leurs ennemis