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Mazarinade n° A_2_2

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Brousse, Jacques [?] [1649], ADVIS AVX GRANDS DE LA TERRE. Sur le peu d’asseurance qu’ils doiuent auoir en leurs Grandeurs. Dedié aux Conseruateurs de leurs vies. , français, latinRéférence RIM : M0_487. Cote locale : A_2_2.


y pend sur la teste à tous momens, puis qu’elles vous causent mille secrets
ennemis ; & qu’enfin vous n’y estes iamais en repos asseuré. Mesprisez vostre
pouuoir, puis qu’il ne vous rend pas si absolus sur vos peuples, qu’il
ne vous laisse dans d’eternelles apprehensions de les choquer. Ne vous
estimez pas si souuerains, puisque vous auez tant de rebelles dans vos
Estats, qui tous les iours sont tous prests de tenir l’estendart de la reuolte,
puisque vous auez tant d’esgaux sur la terre, qui s’en vont vous déclarer
la guerre, & que vous estes entierement sousmis au Dieu des Monarques.
Ne vous imaginez pas que vos puissances s’estendent iusques à ordonner
des biens & des vies de vos sujets comme bon vous semble. Craignez à
l’exemple de mille tyrans qui ont esté massacrez pour leurs trop barbares
cruautez : songez long-temps auant que de prononcer des arrests de mort,
de peur que vos iniustices ne vous perdẽt ; & ne vous attachez pas tãt que
vous faites ordinairement à ces Courtisans flateurs & dissimulez, puisque
mille & mille Roys s’y sont perdus ; comme dans le Texte sacré ; Roboam,
qui pour s’estre trop fié à Ieroboam, se vit reduit à deux de ses moindres
tributs par l’infidelité de ce Fauory ; Enfin vsez de vos Empires, ou comme
Sylla, pour vostre gloire ; ou comme Auguste, pour la conseruation de la
Patrie de peur que vous n’en vsez, comme Cesar, pour vostre mal-heur ;
ou demettez, vous en comme Sylla afin que vous vous pariez de mille
assassinats qui se commettent tous les iours contte vostre tyrãnie, afin que
vous changiez en amour, la haine de vos peuples ennemis de la domination
aspre & cruelle & que vous viuiez tranquille, aymez & en bons Citoyens,
comme cét Empereur Romain, de peur que vous ny soyez comme
Cesar massacrez, inquietez, haïs, & en tyrans insupportables, ou ioüissez
en comme leur successeur Auguste le plus prudent des politiques
apres vne meure deliberation de ce qu’il en deuroit faire, contre la crainte
qu’il auoit qu’il ne luy en arriuast autant qu’à son pere ayant desia échappé
de dix attentats contre l’inclination qu’il auoit d’imiter le premier qui
s’estoit rendu si fameux, de tout vaincre arresta qu’il le deuoit retenir
pour le bien de Rome, a qui il deuoit preferer son repos de toute la posterité.
 

FIN.