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Mazarinade n° C_10_31

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Brousse, Jacques [?] [1649], LE THEOLOGIEN POLITIQVE, Piece curieuse sur les affaires du Temps, pour la defense des bons François. , françaisRéférence RIM : M0_3772. Cote locale : C_10_31.


car pour ce qui est d’vn Prince Terrien il n’est qu’vne loy parlante,
comme dit Pomponius Cætus : mais la Loy est vn Prince
muet ; ce qui fait voir qu’il est dessous la Loy, & que ses suiets
ne sont obligez de luy obeyr, qu’entant que ses commandemẽs
se trouueront conformes aux Loys fondamentales de son Estat.
Pour cét effet, nous apprenons dans l’histoire sacrée, que dans
le Royaume d’Israël, duquel Dieu auoit esté le fondateur, il y
auoit des puissances inferieures, à sçauoir les Anciens qui auoiẽt
pouuoir de s’opposer aux volontez illicites & effrenée des Roys :
& la prophane nous enseigne que l’Empereur Trajan (qu’on
peut prendre pour le veritable modele d’vn sage Prince (commandoit
à ses Lieutenans s’il decernoit choses iustes d’y obeyr,
& d’employer le glaiue pour l’execution d’icelles : mais que s’il
leur commandoit de faire iniustice, qu’ils le tournassent contre
luy. Iustinian apres luy ordonna que le decret qui prouiendroit
de luy ne fut point receu, s’il n’estoit plein de iustice & d’équité.
Plutarque au Traité des Dits notables des Capitaines dit,
que les Roys d’Egypte, suiuant vne ancienne coustume, faisoient
iurer les Iuges, quand ils les instaloient en leurs Offices,
b/> que quand mesme le Roy leur commanderoit de iuger iniustement,
qu’ils ne le fissent pourtant pas.
 
Les Roys & les Princes, quoy qu’ils se qualifient Souuerains
& indespendans, sont donc suiets aux Loix diuines & à celles de
l’équité naturelle imprimee au cœur de tous les hommes : Et les
Edits & Ordonnances qu’ils donnent à leurs suiets ne sont ou
n’en doiuent estre que les expositions. Demostene en ses Philippiques,
dit, que la Loy est vn don de Dieu, & vne inuention
& Ordonnance des Sages, pour reprimer les malefices & maintenir
la Republique ; a la reigle de laquelle Loy chacun doit
dresser & continuer le cours de sa vie. Et Ciceron en la Harangue
pour Cluence dit, que le soustien & la conseruation de la
Republique estans situez dans les Loix, il faut necessairement
que le prince y soit suiet, d’autant que son autorité tire sa source
delà, & ne se maintient que par l’inuiolable obseruance de la
Iustice. Et puis nous sommes sur les alegations qui prouuent
la préeminence des Loix pardessus les Princes, nous dirons
encore auec Chrisippe que la Loy est la Reyne & la Souueraine,
tant des choses diuines qu’humaines, & qu’elle preside sur ce