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Mazarinade n° C_10_31

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Brousse, Jacques [?] [1649], LE THEOLOGIEN POLITIQVE, Piece curieuse sur les affaires du Temps, pour la defense des bons François. , françaisRéférence RIM : M0_3772. Cote locale : C_10_31.


d’équité. Et quant à nos biens & nos vies, personne ne doute qu’ils
n’en puissent estre les Dispensateurs, pourueu toutesfois, que ce soit
à la gloire de Dieu, au bien du Public, & qu’on les employe auec
vne iuste & legitime moderation, à la conseruation de l’Estat ; Et
non pas qu’on exige l’vn & l’autre, pour contenter l’auidité, l’ambition
& la cruauté des Fauoris, & de mille autres sangsuës qui enuironnent
les Princes. Et quant aux Arrests & autres defenses legitimes,
qu’ils qualifient du nom d’attentats à leur autorité, & de
medisance & irreuerence enuers leurs personnes sacrées : Le Peuple
respond, Que les excessiues cruautez d’vn infidele Ministre, ou
plustost d’vn Tyran barbare, par lesquelles il apprehendoit d’estre
entierement accablé, l’ont contraint, apres que sa patience a esté si
souuent irritée, d’auoir recours au Parlement, & le suplier de luy seruir
de rempard coutre la tyrannie dvn Ministre Estranger, & representer
à la Reyne les horribles méchancetez qu’il a cõmises au gouuernement
de l’Estat, & dans l’administration & employ des Finances
de tout le Royaume : Que si la dureté des peines qu’on a fait souffrir
depuis si long-temps aux François, a arraché de leurs bouches
pleintiues, quelques veritez qui paroissent de mauuaise digestion ;
elles sont toutesfois beaucoup moins condemnables, que les flateries
& les tromperies, dont se seruent tant d’esprits pipeurs & infideles
qui enuironnent la Reyne, & qui luy deguisent tout ce qui se
passe dans le Royaume de son fils.
 
Le gouuernement appartient veritablement au Roy, & à ceux
qui agissent sous son nom & sous son autorité, mais c’est sous certaines
loix & conditions, autres que celles que leurs passions dereglées
leur peuuent suggerer ; car il n’est pas permis aux Roys de faire tout
ce qu’ils veulent, mais seulement tout ce qui est iuste, & profitable
aux Peuples, sur lesquels Dieu les a establis.
Que si les Roys contreuiennent à ce qu’ils sont obligez de faire
pour leurs subiets, il est sans doute permis aux subiets, par vne
equité relatiue, de ne leur rendre pas l’obeyssance iniuste, qu’ils
exigent par cruauté plustost que par iuste douceur ; Et l’on ne blâmera
iamais les brebis qui s’eslognent du chemin, que leur voudra
faire tenir leur meschant Berger, si elles sont asseurées que c’est
pour les liurer à la gorge des loups, & des autres bestes sanguinaires,
estant vn des principaux points de la regle de Charité, de destourner
& d’éuiter la violence, qui tend à la ruine du public ; Outre
qu’il est tres-certain, que comme nous deuons toute sorte d’obeyssance
à de bons Roys, qui n’exigent de nous que des choses iustes