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Mazarinade n° C_7_47

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Anonyme [1649], DISCOVRS POLITIQVE AVX VRAIS MINISTRES D’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M0_1134. Cote locale : C_7_47.


& a mis ce precieux gage entre leurs mains pour en estre les
iustes dispensateurs. Que seroit-ce aussi des Royaumes & des Empires ?
sans la Iustice, sinon qu’autant de brigandages. Vn Empereur
aussi sage que prudent, disoit, encores que ie puisse tout, il n’y a
pourtant que les choses iustes qui me soient permises, & estimoit celuy-là
seul digne du gouuernement, qui estoit le meilleur & le plus ;
iuste de ceux à qui il commandoit. Cette vertu est tellement recommandable
aux grands Monarques, que l’Escriture les exhortant à
leur deuoir, leur parle en ces termes. Escoutez-vous, ô Potentats,
& vous autres Iuges de tous les confins de la terre, apprenez, ouurez
les oreilles, vous qui gouuernez les multitudes, & prenez plaisir
aux peuples des Nations : Car la puissance vous est donnée du Seigneur,
& la vertu du Souuerain, lequel examinera vos œuures &
sondera exactement vos pensées, pour ce que quand vous estiez les
Ministres de ses Royaumes, vous n’auez pas iugé directement, vous
n’auez pas obserué la Loy de Iustice, & n’auez point cheminé selon
la volonté de Dieu. On voit par là comme l’ornement du Prince ne
consiste pas en la seule pompe & splendeur d’vne Cour, soit pour
s’y faire honorer d’vne grande suitte de Courtisans, ou soit pour y
surpasser les autres en luxe & en dépense ; Mais ce qui le rend plus
glorieux & plus recommandable est la Iustice, qui est representée
par le sceptre qu’il porte en sa main. Agesilaüs parlant d’vn Roy de
Perse, qui s’attribuoit le titre de grand Roy, dit qu’il n’estoit pas plus
grand que luy, voulant dire par là que les richesses & l’estenduë des
pays ne font pas la grandeur d’vn Roy, mais la Iustice & l’integrité
des mœurs.
 
C’est pourquoy ce bon & excellent Monarque Louis treiziesme
d’heureuse memoire, a tousiours affecté la glorieuse qualité de Iuste,
& s’en voulut reuestir dés le berceau comme d’vn manteau de pourpre,
& de plus glorieux ornement qu’il eust peu choisir. Et certes
nous auons dequoy loüer la Diuine Bonté de ce que de cette source
epurée, il en a fait couler de si fauorables ruisseaux ; nous ayant fauorisé
de doüer si precieux, que des personnes de sa Maiesté & de Monseigneur
le Duc Danjou son frere ; de ce Roy dis-ie tant de fois desiré,
& demandé des François par des prieres si feruentes ; & Dieu pour
comble de graces & de benedictions, a voulu adiouster à cette qualité
de Iuste celle de Dieu-donné, afin que faisant reflexion sur cette
grace particuliere du Ciel, il tirast de là l’origine de cette belle vertu,
qu’il a fait voir aussi tost qu’il a peu reconnoistre cette grande faueur,
& dont ces liberalitez iournalieres & l’integrité des actions, en
font admirer les effects en donnant des Magistrats à ses peuples, qui
possedent les mesmes vertus qui luy sont originelles, & honorant de
ces charges si releuées ceux qui en ont donné de veritables preuues,
chacun doit esperer desormais du bien & de l’honneur d’vn tel ministere,