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Mazarinade n° B_13_31

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Du Tillet [signé] [1652], TRES-HVMBLES REMONSTRANCES PAR ESCRIT FAITES ET PRESENTEES AV ROY PAR MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS EN LA VILLE DE SVLLY SVR LOIRE, CONTRE LE RETOVR ET POVR l’esloignement ou la punition du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3841. Cote locale : B_13_31.


vostre Royaume pour butiner, fut plus zelé pour la dignité & perpetuité
de vostre Monarchie, que nous qui auons l’honneur d’estre
François, & vos principaux Officiers ayant nos fortunes & celles
de nos enfans attachées à la grandeur de vostre Royauté.
 
Serions nous bien si peu aduisez de croire qu’vn hõme de cette condition
ignorant nos mœurs & nos Loix, fust capable de nous instruite
sur les droicts de vostre Couronne, & de nous monstrer les
bornes de nostre affection & fidelité à vostre seruice, luy qui n’a
pris aduis d’aucuns sages ny preueu l’aduenir, qui est tout ce qu’vn
Ministre aduisé doit considerer, sçachant bien qu’en trauaillant
pour vn Royaume, il trauaille pour l’eternité, sans limites de
temps, qu’il ne faut iamais prescrire aux Monarchies.
Le Cardinal Mazarin a faict paroistre qu’il ne regardoit point
l’aduenir, lequel a voulu continuer les guerres, & pour les entretenir
a employé les derniers efforts, espuisant la France de soldats &
de Finances, sans aduiser si ces deux choses venoient à manquer qu’il
seroit contraint de consentir à vne Paix honteuse, où de ceder à la
haine publique, qui s’esleueroit contre luy, pour auoir perdu la saison
de conclurre vn Traité aduantageux & honorable à la France,
comme celuy qui estoit projeté & sur le point d’estre signé à
Munster, qui a esté rompu par le Cardinal Mazarin, qui ne
pouuant diuertir ses yeux de ses interests, ne voulut iamais consentir
la paix. Le mal est venu de ce que le Cardinal Mazarin s’est tousiours
imaginé qu’il trouueroit plus de seureté dans les troubles,
qui le maintiennent en plus grand lustre, & le rendent plus necessaire,
s’estant emparé du commandement & de la puissance des armes.
Nous voyons maintenant qu’il a causé tant de desordres que nous
sommes dans les guerres Estrangeres & dans les domestiques, que
nous auons perdu plusieurs places qui nous estoient laissées par les
Traitez qu’il a rompus. Les Espagnols ont cette obligation au Cardinal
Mazarin, que non seulement il leur a rendu les Conquestes
qu’il croyoit estre siennes, mais encore celles qui auoient esté faites
soubs le Regne du deffunct Roy vostre Pere, & ce qui est plus
estonnant, c’est qu’il employe maintenant vostre puissance & n’est
rentré dans vostre Royaume, que pour persecuter les Princes qui
auoient gagné ce qu’il pert en les voulant perdre, ne se souciant pas
que les anciens ennemis de la France, la pillent lors qu’il y met le
feu pour en chasser s’il peut les enfans de la maison, qui ont souuent
exposé leur vie pour vous acquerir de la gloire, comme si ce n’estoit