Mazarinade n° B_17_16
Image de la page
M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], ARREST SVR LE IVGEMENT rendu contre l’Autheur DE LA VERITÉ TOVTE NVE, ET L’AVOCAT GENERAL parties Aduerses. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_17_16.
iugeants selon l’equité & raison, & non ceux qui transgressent
les loix par leurs iniques iugements.
D’où pensez vous que procede la grandeur des Empires, &
la gloire des Monarques ? Certainement le raisonnement nous
monstre euidemment, que c’est de la Iustice, principale partie
de la Sapience, Prou. 14. v. 28. La dignité du Roy est la multitude
du peuple, & la honte du Prince est vn petit nombre. Apres les effets
de la parole de Dieu, le souuerain des Rois, il n’y a rien à
douter au 3. liu. des Rois, ch. 3. v. 11. 12 Le Seigneur dit à Salomon,
pource que tu as requis cette parole, & as demandé Sapience pour
toy, pour discerner le iugement v. 12. Voicy ie tay fait selon tes paroles,
& t’ay donné vn cœur sage, & entendu, tellement que deuant toy, personne
n’a esté semblable à toy, & ne s’en esleuera aucun apres toy : Mais
aussi ie tay donné les choses que tu n’as point demandé, à sçauoir, richesses
& gloire, tellement que personne n’a esté semblable à toy en tous les
Rois des iours passez. Sans la Sagesse, le Roy est comme vn corps,
qui estant priué de son ame n’a plus, ny entendement, ny sens,
ny mouuement. C’est par la Sagesse que les Rois regnent,
Prou. 8. v. 15. Ce sont des oracles qui procedent de la bouche
des Rois, quand elle preside, Prou. 16. v. 10. qu’il faut escouter
& executer quand ils commandent, il n’y faut point d’apel.
La 3. condition necessaire à vn bon Roy est la clemence, laquelle
est tant plus recommendable au Roy, qu’il a la puissance
de ne le point estre. Neantmoins comme Dieu met les Rois
au nombre des demy Dieux, il veut pourtant qu’ils se souuiennent
qu’ils sont hommes ? Comme tels qu’ils soient humains,
& clemens enuers les hommes encore qu’ils leurs soient sujets,
Prou. 20. v. 28. Misericorde & verité gardent le Roy, & son throne
est soustenu par clemence. Certainement il n’y a rien qui fasse tant
aimer & honorer le Rois & les Grands, que quand ils se font
petits auec les petits, & quand pouuans exercer la rigueur, ils
ne l’exercent point.
Le moindre mépris qu’on fait au plus chetif des hommes le
pique plus, que si on luy ostoit ses biens ; Ainsi le peu de rabbaissement
que fait le Prince de Sa Majesté, le rend de plus en
plus adorable à ses peuples, pour parler auec l’Escriture.
La 4. condition absolument necessaire à vn Roy, (que ie deuois
poser comme la base & le ferme fondement de la Royauté)
est le culte de Religion, & la reconnoissance que les Rois
doiuent auoir du principe & de la cause de leurs dignitez &
Image de la page