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Mazarinade n° E_1_110

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Anonyme [1649 [?]], DIVERSES PIECES DE CE QVI S’EST PASSÉ A S. GERMAIN EN LAYE, Le vingt-troisiéme Ianvier 1649. & suiuans. , françaisRéférence RIM : M0_1160. Cote locale : E_1_110.


donneroit en cette occurence des preuves d’vne fidelité inviolable.
 
Il n’y a eu que Roüen seul, que les cabales du Duc de. Longueville
ont porté à nous imiter ; mais quel secours pouuons-nous
en attendre ? Croirons-nous que Roüen seul puisse plus à
trente lieuës, pour forcer les quartiers du Roy, que Paris qui n’en
est qu’à vne heure de chemin, & qui a dix fois autant d’habitans
& de richesses ? I’ay apris mesme que le Comte d’Harcourt est en
cette Prouince là, avec vn corps de Cavalerie capable de dissiper
ou de battre tout ce qui voudroit s’assembler ; & d’ailleurs on m’a
assuré qu’il arrivoit de tous costez tant de troupes pour l’armée
du Roy, qu’on avoit dépesché sur leur marche pour les envoyer
autrepart comme y estant inutiles. Quel effort peut faire apres
cela le Duc de Longueville ? Cependant nous fondons toute nostre
resource sur cette chimere.
Le Duc de Boüillon nous promet aussi qu’il disposera de son
frere & de son armée : Mais on ne nous dis pas icy ce que i’ay trouué
à Saint Germain, que le Mareschal de Turenne a escrit au Roy
& à la Reine, pour les assurer de sa fidelité, y adjoustant mesme
qu’il seroit inconsolable si on l’avoit creu capable d’adherer au
crime du Duc.
Pour conclusion on ne nous amuse que de chimeres & d’illusions,
& nous sommes si peu advisez que nous nous payons de
cette monnoye, & nous disposons mesme à souffrir les dernieres
extremitez pour des gens qui apres avoir bien extenué nos corps
& nos bourses, nous sacrifieront à la fin pour se sauver, si nous n’avons
la prudence de les prevenir : Tirons-nous de tant de miseres
par vne genereuse resolution ; Nostre Roy nous tend les bras &
& ne veut qu’vne bien petite marque de nostre amour, pour nous
donner des preuves solides du sien, & venir rendre Paris heureux
par ses bien faits & par sa presence : Nous voyons qu’il prend plus
de soin de nous témoigner sa tendresse à mesure que nos affaires
prennant vn plus mauvais train : Il a eu mesme la bonté pour nous
sauver, de relascher beaucoup envers ceux du Parlement taschant
encore vne fois de les reduire à leur de voir par la douceur, & applanissant
les chemins pour les y porter ; Tesmoin les Declaratiõs
qu’il a enuoyées à eux & à nous. Serons nous si aueuglez que de
resister encore à tant de graces ? Et ne faut-il pas croire que nostre
ruїne est resoluë dans le Ciel si nous resistons plus long temps à
la voix qui nous appelle.