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Mazarinade n° A_1_5

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Anonyme [1649 [?]], DIVERSES PIECES DE CE QVI S’EST PASSÉ A S. GERMAIN EN LAYE, Le vingt-troisiéme Ianvier 1649. & suiuans. , françaisRéférence RIM : M0_1160. Cote locale : A_1_5.



I’ay remarqué en outre, que vray-semblablement le Roy ne
manquera pas d’argent. I’en ay veu arriver estant à la Cour
des voictures considerables, qu’on disoit estre suivies d’autres
de divers endroits, à quoy il y a grande apparence, les Provinces
estans comme elles sont dans le calme, & d’ailleurs le fonds
de nos rentes, qui ne se payeront plus ici, ne sçauroit luy manquer.
I’ay veu aussi que l’argent ne s’employe là qu’aux dépences
necessaires, & encores avec grand’œconomie, & icy nous le
jettons avec prodigalité pour les superfluës : Leurs Princes
avancent de leur propre pour soustenir les affaires, & nous ne
sçaurions assouvir la convoitise des nostres, & ce n’est pas
merveille, puisqu’ils ne se sont jettez avec nous que pour remplir
leurs bourses.
Nous dépensons cinquante mil francs par jour, croyans d’avoir
prés de cinq mil chevaux & douze mil hommes de pied :
on trouve bien ce nombre, ou à peu pres, dans les reveuës de la
Place Royale, où nos Generaux font les Rodomons, & veulent
tout engloutir ; mais à la campagne, il est toûjours diminué
des deux tiers.
Voulez vous sçavoir comment, faisant vne si prodigieuse
dèpence, nous demeurons toûjours foibles, & sõmes batus par
tout ; C’est parce qu’à Paris nous payons vn soldat quatre fois,
& qu’à la campagne quatre soldats ne se battent pas pour vn.
Nous entretenons plus de Generaux pour trois ou quatre
meschans mil hommes que nous avons, que le Roy ne fait en
toutes les armées qu’il est obligé de tenir sur pied.
Il est certain que la dépense que nous faisons tyrannisant le
tiers & le quart, & prenant l’argent à tort & à travers, où il se
trouve, sans autre forme ny raison que la volonté de nos nouveaux
Seigneurs ; & cela pour faire vne guerre au legitime
Souverain. Il est sans doute, dis-je, que cette dépẽse suffiroit au
Roy pour entretenir toutes les armées de terre & de mer, & cõtraindre
les ennemis à faire vne paix glorieuse pour la France.
Comment accordera-t’on ce qu’on nous presche coutinuellement
de l’armée du Roy, auec ce qui se passe chaque jour ?
Nous voyons que cette armée là est necessairemẽt separée en
divers quartiers fort esloignez les vns des autres, & cependant
ils ne sont pas seulement tous en entiere seureté ; mais nous ne