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Mazarinade n° B_17_11

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Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.


des formes qui n’alloient pas à moins de seize millions de liures
par chacun an. N’estoit-ce pas entreprendre ouuertement la ruїne
de l’Estat ?
 
Tant plus le Conseil vsoit de prudence, tant plus les autheurs de
vos maux se portoient auec vehemence à faire les choses qui pouuoient
nuire, le Roy fit expedier deux Declarations, apres lesquelles
il y auoit apparence que ces Assemblées deussent cesser :
sa Maiesté fut mesme au Parlement les faire enregistrer. Elle réstablit
par icelles vne partie des gages & des droicts des Officiers :
elle pourueut au payement des rentes, elle reuoqua toutes sortes
de Commissions extraordinaires, elle establit vne Chambre de
Iustice, remit vne partie des Tailles à ses Sujets, & tous les arrerages
iusques à la fin de l’année 1646. Et generalement elle pourueut
à la plus grande partie des choses qui auoient esté traitées
dans la Chambre de Sainct Louys. Mesme elle destitua les principaux
Ministres de ses Finances. Cela fut encore inutil pour
vaincre leur opiniastreté.
Toutes ces choses se passerent dans les mois de May, Iuin, &
Iuillet de l’année 1648. Le mois suiuant nous fit voir les mauuais
effects de ses funestes assemblées. Le Roy ayant esté au mois de
Iuillet obligé par ces desordres de manquer à ceux qui luy auoient
fait des prests & des aduances sur ses reuenus, les particuliers
voulurent en mesme temps retirer des mains de ces personnes
là les deniers qu’ils leurs auoient prestez, & vn chacun en vsa
ainsi enuers ses debiteurs. Les effects qui s’en ensuiuirent, vous
les sçauez, Messieurs, puis que vous les auez ressentis par la
liaison qui tient tout le monde attaché à la foy publique. Quand
elle fut vne fois violée, nous vismes vne infinité de faillittes ; non
seulement dans Paris, mais dans toutes les villes de commerce
de France & des pays Estrangers.
Ie ne vous exaggereray point les maux qui ont coulé de cette
source : la cessation du commerce, la cherté de toutes denrées &
marchandises par la perte du credit, la dureté des peuples à acquitter
les impositions, la desolation de plusieurs familles par la
perte de leurs biens, la pauureté où cette faillite publique a reduit
vos artisans, ostant aux plus aisez les moyens de les faire trauailler.
Si ces pretendus Peres du peuple eussent esté capables de moderation,
ces maux les eussent sans doute touchez, ils fussent reuenus
à eux : mais tant s’en faut, il ne se passe aucune iournée