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Mazarinade n° D_2_11

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Anonyme [1649 [?]], ADVIS SVR L’ESTAT, touchant les Affaires PRESENTES, & le gouuernement Estranger. , françaisRéférence RIM : M0_547. Cote locale : D_2_11.


a gardé beaucoup de loix fondamentales, entre lesquelles est celle-cy,
Que la dignite de l’Empire ne puisse estre transferée à celuy qui n’est pas
originaire Allemand. Ce qui fit que Charles Quint, lors qu’il fit le serment
auquel les Empereurs sont obligez, iura qu’il n’admettroit point
aux affaires publiques les Estrangers, mais seulement des personnes
choisies d’entre la Noblesse d’Allemagne.
 
La Republique de Venise ne souffre point les Estrangers dans son
Senat : Les Suisses n’admettent dans les Charges que leurs Compatriottes ;
Et les Princes des Païs-bas trouuent entre les loix, sur l’obseruatiõ
desquelles ils sont obligez de iurer, quand ils entrent dans le
Gouuernement, celle de ne donner aucune charge publique aux Estrangers.
Que vous diray-je des autres païs de l’Europe, les coustumes en sont
diuerses ; mais par tout l’inclination a esté de tout temps esgale. Iamais
les Sujets naturels n’ont pû souffrir la domination Estrangere.
Les Polonois qui par leur droit d’eslection prennent des Roys où bon
leur semble, ne pûrent souffrir que Casimir donnast les Charges de
Magistrature à des Allemands : Ils chasserent pour cela Boleslas le
chauue, & le vieil Miczislas du Royaume.
Les Escossois ayment mieux donner leur foy, & rendre leurs obeïssances
à vne Femme Angloise, qu’à François le Dauphin ; & les Anglois
voyans qu’ils ne pouuoient empescher que Marie leur Reyne
n’espousast Philippes de Castille Fils de Charles Quint, dont elle
achepta la possession auec vne somme immense d’argent, entre les
conditions moyennant lesquelles ils consentirent au mariage : celle-là
fut la premiere, Qu’aucun Estranger n’auroit la Magistrature, ny ne seroit
receu aux honneurs publics. Et bien qu’il y eust vne parfaite vnion
alors entr’eux & les Espagnols, la ialousie pourtant qu’ils en conceurent
lors qu’ils apprehenderent de leur voir tomber le Ministere
entre les mains fut si grande, qu’ils commencerent leur capitulation
par là, comme par l’endroit qui leur estoit le plus sensible.
Les François qui ont tousiours voulu viure selon leur ancienne liberté,
n’ont iamais pû souffrir le Ministere Estranger ; non seulement
parce qu’ils se voyent par eux deuancez dans les Charges & dans les
honneurs dont ils sont tres-ialoux : mais parce qu’il leur a esté presque
impossible de s’accoustumer à la legereté des Anglois, à la pesanteur
des Allemands, au fast des Espagnols, & à la longueur des Italiens,
tant à bien resoudre qu’à bien faire ; les nouuelles façons d’agir
qu’on a voulu introduire parmy eux, & sur tout dans les choses ou il y
va de l’interest des particuliers, leur ont esté insuportables : Et nostre