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Mazarinade n° C_2_4

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Anonyme [1649], AMBASSADE BVRLESQVE DES FILLES DE IOYE AV CARDINAL. , françaisRéférence RIM : M0_65. Cote locale : C_2_4.



Ie ne viens icy maintenant,
(Comme ie fait auparauant,)
Vous faire offre de nos seruices,
Pour cõplaire à tous vos caprices.
Lors que si souuẽt que vous vistes,
Sçauiez le sujet des visites :
Le dessein estoit de vous plaire,
Par vn moyen que ie veux taire :
Mais à present c’est autre chose,
Ma visite a bien d’autre cause :
Ie viens icy vous remonstrer,
Les maux que nous faite endurer,
Si ie vous en laisse touché,
Ie me seray cette acquitté,
Dignement de mon ambassade,
Et en pourray faire brauade ;
Mais si de ma petition,
Ie n’emporte qu’vn simple nom,
Et n’en ay qu’vn fascheux refus,
Vrayment me voila bien à cul,
Et ie n’y suis pas seulement,
Mais aussi tout nostre Conuent ;
Car vous sçauez (Monseigneur
Iules)
(Et cela n’est pas trop ridicule)
(Comme quantité d’autres choses,)
Qu’assez souuent l’on vous impose,)
Vous sçauez (dis-je) que vous
este,
Et nostre chef, & nostre teste,
Tousiours nous auez appuyé,
Et nostre bande authorisé ;
Et par toute l’affection,
Qu’auez pour vostre faction,
Tousiours nous auez supporté,
Et par vostre exemple excité ;
Tous les Courtisans à vous suiure ;
Ainsi nous gaignions dequoy viure :
Mais à present (nostre Prelat)
Sçauez-vous bien en quel estat
vous delaissez nostre mestier ?
Ah non ! car si vous le sçauiez,
Sans doute auriez compassion,
(Pour moy ie le crois tout de bõ)
D’vn nombre de gaillardes filles,
Qui chaument dedans cette ville,
Ville, jadis nostre delice,
Quand vous y regliez la police,
Lors que la Cour y residoit,
Qui bons chalans nous fournissoit,
Mais à present aucun ne vien,
Et nous ne seruons plus de rien,
Et telle est à nostre assemblé,
Qui du depuis seule a couché ;
C’est sur la paille que i’entends,
Car tout le reste l’on le vend,
Et bien-tost n’aurons rien à vendre ;
A quoy pouuons-nous donc pretendre ?
Si vous (nostre Seigneur) en pere,
Ne nous assistez en misere :
Coupper des bourses ne vaut
rien,
Car chacun s’en garde trop bien ;
Et puis chacun s’en veut mesler,
Quand il n’a pas dequoy disner :
Hé bien donc demandez l’aumosne,
Helas (Seigneur) rien on ne
donne,
Et nous ne le pouuons pas bien,
Car vn maraut de chasse-chien,
Nous escaffera hors de l’Eglise,
Si-tost que gueuser nous auise,
Nous chassant, non pas sans talosches,
Disant vous foüillez dans les possches.