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Mazarinade n° C_2_4

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Anonyme [1649], AMBASSADE BVRLESQVE DES FILLES DE IOYE AV CARDINAL. , françaisRéférence RIM : M0_65. Cote locale : C_2_4.



Ce qui n’est pas desia vendu,
Pour moy, ie n’ay plus que mon
cul ;
Ce cottillon i’ay emprunté,
Aussi bien que ces vieux souliés :
Comment faites-vous donc pour
viure ?
Et quel trafic voulez-vous suiure ?
Le trafic si proche du nostre ;
La, la, vous sçauez, c’est le vostre.
Enfin c’est que ie couppe bourses,
En tout lieu où ie fais descouures.
La Matrone rit de la guise,
Qu’auoit trouué grande Denyse,
Pour faire la chasse à sa faim,
Par la subtilité de main ;
Mais si Bertran estoit icy,
Il nous tireroit de soucy,
Et seroit nostre ambassadeur,
Deuers cét eminent voleur.
Et à quoy bon (luy dit Toinette)
Il gaigna fort (dit la Rosette)
Cy-deuant par l’autre message,
Le Cardinal est trop volage :
N’offenses pas son Eminence,
Car il n’ay me pas plus sa pence ;
Ny Singes, ny Marionettes,
Ny mesme les Mazarinettes,
Que nous & tout nostre trafic ;
Quoy que souuẽt luy fassions nic.
(Dit la Matrone reprenant
La Rosette seuerement)
Pour moy certes ie suis d’auis,
(Sauue de vos meilleurs auis)
De quelqu’vne trouuer icy,
A ce Ministre cramoisy,
Que nous puissions vistes enuoyer,
Pour nos mal-heurs luy remonstrer :
La trouppe en fut toute d’accord,
Denyse fut choisie d’abord.
Consolez-voũs (dit Matrona)
Par vn sousris de Douegna,
L’ambassade aura bonne issuë,
Si son harangue est bien tissuë :
Il connoist bien nostre Denyse,
(A ce que fort souuent i’auise,)
Elle hantoit dedans son Palais,
Estant fort chery des Laquais :
Le Cardinal vn iour la vit,
(Comme vn valet depuis ma dit)
Parlant à Basque garçon joly,
Et dit, tu n’a pas mal choisy,
Cette Dondone pour maistresse,
Car elle a des insignes fesses.
 
 
Mais il est temps qu’elle s’ẽ aille,
Il la faut adjuster canaille,
Et la parer honnestement,
Pour s’acquitter du mandement,
Tien Denyse prens ce mouchoir,
Vrayment il te fera beau voir,
Bien haranguer le Cardinal,
Ta coëffe ne te sied pas mal,
Tien prend aussi cette manchette,
Elle sera fort gentillette ;
Où trouuerons-je vn cotillon ?
Prestes luy le vostre Toinon,
Bon, bon, tu n’és que par trop
braue,
Mais il faut qu’vn peu tu te laue,
Car t’a le groüin beaucoup plus
sale,
Que saloppe qui soit és halle. :
Qui n’auroit point de la paumade,
Pour luy en frotter la leurade :
Tenez ce petit de chandelle,
(Dit Rosette) ie m’en fais belle,
Et frottez-en bien son museau,
Elle en aura le tein fort beau.
 
 
Enfin donc paré de la sorte,
Deny se s’en va vers la porte :
Mais Toinon trop officieuse,
Demeura le cul nud en gueuse ;