[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_2_20

Image de la page

Anonyme [1649], APOLOGIE DES NORMANS AV ROY POVR LA IVSTIFICATION DE LEVRS ARMES. , françaisRéférence RIM : M0_113. Cote locale : A_2_20.


brigandages ont tous esté les instrumens de leur auarice, dont,
Sire, nous eussions fait il y a long-temps des punitions exemplaires,
si vostre figure qu’ils nous presentoient, ne les eust mis à couuert
de nos ressentimens ; & si nostre respect pour vostre image ne
nous eust encore force, de baiser les mains qui nous donnoient les
coups de la mort.
 
Cependant vos Estats sont piliez, tous vos peuples reduits à
la mendicité, nostre Prouince la plus abondante de la France
ne se soustient non plus que les autres, que par le desespoir que
le plus auare des hommes, le Partisan des bouës de Paris, à depuis
peu tenté d’aduancer, en rauissant aux pauures par donation
de Mazarin, quelques marests & communes qui leurs restoient
pour les empescher de perir.
Ce Chef de l’iniquité, que Salomon vit assis dessus le Throsne
de la Iustice ; ces Arc-boutans de sa caballe, ces Antropofages
des Normands, les Intendants de l’injustice en nostre Prouince
qui par les ordres des Tyrans, ont entrepris nostre ruïne, nous
ont fait leur proye ; ils ont rendu nos campagnes desertes & la
face de la terre hideuse, ils ont desesperé nos peuples & plusieurs
fois reduits à la reuolte, si la prudence des gens de bien
ne les eust arrestez ; pardon Sire, si nous confessons que nous
auons eu la pensée de desirer vne domination moins inhumaine,
& si nous auons douté que l’Empire des Turcs ou celuy
des Barbares ne fust preferable au vostre.
Non, Sire, les cruautez n’y sont point si frequentes mesme
contre leurs ennemis, il n’y a point chez eux de miserable, à
qui on ne permette au moins d’auoir vn lict pour se coucher,
la pluspart de nos peuples à peine ozent-ils auoir seulement de
la paille, quelle horreur d’estre pires que les bestes ! Il n’y a point
d’esclaues ausquels on ne donne du pain autant qu’il leur en faut
pour se nourrir, & nos Tyrans sont eux mesmes tesmoings que
dans tous nos villages, il y en a peu qui n’en manquent & presque
personne, qui en aye suffisamment ; Encore que l’infidelité
de ces nations deteste nostre Religion & la persecute, elle souffre
pourtant la liberté des Ames, mesme dans ses esclaues, & ne
leur deffend point d’entrer dedans les Temples consacrez au
Dieu qu’ils adorent alors qu’ils en rencontrent, Sire, sous vostre