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Mazarinade n° A_2_5

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Anonyme [1649], APOLOGIE OV DEFFENCE DV CARDINAL MAZARIN. TRADVITE OV IMITEE DE l’Italien de L. , françaisRéférence RIM : M0_117. Cote locale : A_2_5.


pour les auoir mal interpretés, i’ay fait quelque qui pro quo, c’est plustost
par ignorance que par malice.
 
Les exemples de sa conduite m’inuiterent à son imitation, de m’asseurer
de la personne de Monsieur de Beau-fort, dont la vertu me portoit ombre,
l’on sçait bien les motifs qui me pousserent à cette action, que ie fis assez
timidement, mais pour fermer la bouche à ceux qui l’ont blasmée, n’ont-ils
pas reconnu depuis que ie leur ay conserué par ce moyen cet Heros dans
vn temps, ou sa generosité l’auroit infailliblement fait perir dans les occasions
de la guerre.
Tout le peuple de la France se plaint generalement, de la continuë d’vne
guerre fascheuse, qui les a mis dans vn estat desplorable, & qui les menace
encor tous les iours d’vne ruyne totale, l’on n’entẽd que les cris des Prouinces
desolées, qui me reprochent d’auoir empesché la conclusion de la
Paix, lors qu’ils la pouuoient auoir tres-auantageuse, que les Plenipotentiaires
que i’auois Deputez à Monster n’ont fait qu’abuser le tapis, par ce
qu’ils estoient retenus par mes ordres, & qu’enfin ie fomente les occasions
de l’esloigner tousiours, afin de pescher en eau trouble, & continuer sous
ces pretextes les violences de ma tyrannie ; Ces reproches à la verité ont
quelque apparence de raison, mais ces importuns ne considerent pas que
cette vie n’est qu’vn cõbat perpetuel, & que c’est vne folie de pretendre d’y
trouuer du repos, que ie ne leur puis accorder cette Paix, sans entreprendre
sur la Diuinité, & que c’est vne piece dont sa liberalité seule nous peut faire
present, outre qu’en continuant le diuorce de la France & de l’Espagne, ie
me purge euidemment de la tache d’estre Espagnol, dont i’ay tant de peine
à me lauer.
Quelques autres souffriroient disent-ils la guerre, si les conquestes de nos
armes augmentoient la gloire & l’estenduë de cet Estat ; Mais qu’au lieu de
nous signaler par de nouuelles victoires, nous perdons de iour en iour les auantages,
que nous nous estiõs si glorieusement acquis, que l’occasion des
affaires de Naples si mal mesnagee, les deffaictes en Catalogne, comme
souffertes à dessein, les villes d’Armentieres, Courtray & Landrecy, si laschement
abandonnées, & tant d’Armees florissante mal-heureusement déperies
me conuainquent necessairement, ou d’intelligence auec nos ennemis,
ou d’ignorance dans la conduite des affaires, i’aduouë quelles ont
changé deface depuis deux ou trois ans ; mais on ne doit pas s’en estonner ny
s’en plaindre, on a bien veu quelles ont esté en assez bonne posture, tant que
i’ay suiuy les memoires laissez par le feu Cardinal, mais au bout de l’aune
faut le drap, dés aussi-tost qu’ils m’ont manqué ie me suis trouué au bout
de mon rollet, & reduit à faire mes escritures moy-mesme, c’est alors
que l’on a remarqué cette difference, de maniere que i’ay fait voir à dessein,
pour faire recõnoistre ma methode d’auec la sienne, outre que retenant les
affaires dans vn estat mediocre, i’ay destourné les mal-heurs que l’excez de
la prosperité pouuoit apporter dans cette Monarchie, & rabatu la gloire
des Generaux, pour les retenir tousiours dans vne basse obeyssance.
Enfin ie n’ay plus à respondre qu’aux reproches sanglans que l’on me