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Mazarinade n° A_2_5

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Anonyme [1649], APOLOGIE OV DEFFENCE DV CARDINAL MAZARIN. TRADVITE OV IMITEE DE l’Italien de L. , françaisRéférence RIM : M0_117. Cote locale : A_2_5.


fait au sujet de mes dernieres actions, d’auoir attaqué le Parlement apres
auoir entierement espuisé les Finances, d’auoir enleué furtiuement le Roy
pour la seconde fois, & d’auoir embarassé dans mon party la Reyne, & tant
d’autres Princes & Seigneurs, dont i’employe le pouuoir & les armes
pour ruyner le cœur de la France, assieger sa Ville principale, & par vn
desir de vengeance porter le fer & le feu dans le sein de ses habitans, par
les mains de ceux qui les deuroient proteger & deffendre, ie n’ay pas veritablement
assez d’imprudence pour ne demeurer d’accord de la verité de
ces Chefs : Mais les raisons pour lesquelles i’ay suiuy ces maximes, sont si ie
ne me trompe assez suffisantes pour me iustifier, ce seroit vne merueille s’y
n’estant qu’estranger, i’auois iusques icy pris la conduite de cet Estat, par le
seul desir de le rendre florissant, sans mettre mon interest en ligne de compte,
veritablement i’ay tousiours aymé le bien de la France, & si ie me le
suis approprié à droit ou à tort, n’estoit-il pas raisonnable que ie me payasse
de mes peines, & des despences excessiues de ballets & de comedies necessaires
pour amuser les dupes qui pouuoient nuire, & s’opposer à mes desseins,
l’effort que i’ay fait sur le Parlement estoit pour éprouuer leur vertu,
qui n’esclatte iamais que dans la persecution, la reputation que s’est acquis
Monsieur de Broussel, & tant d’autres inuiolables Senateurs, par la
resistance qu’ils ont faite à suiure mes ordres, est si digne d’enuie que ie ne
suis pas à me repentir de m’estre porté à cette violence, il est vray que mes
voyant si mal voulu dans Paris, sans en auoir donné de sujet, i’ay cherché ma
seuretés vn peu plus loin, & si l’on me veut blasmer d’auoir emmené la personne
du Roy, c’est vouloir faire passer la vertu pour vn vice, & si ie ne l’auoit
fait, outre la consideration de mon interest, ne me pouuoit-on pas reprocher
de l’auoir abandonné dans le fort de l’affaire, apres l’auoir tenu de
si prés iusques icy. Pour ce qui est de la Reyne, comme elle n’est pas obligée
de rendre raison de sa conduite ; ce seroit vne temerité de vouloir iustifier
son procedé, les Princes n’ont-ils pas raison de me soustenir, puisque ie
les paye si bien des violences qu’ils exercent, & ne suis-je pas prudent de
me seruir d’eux à l’imitation du Singe, qui se sert de la patte du Chat. Enfin,
quoy qu’ils soient aueuglez dans vne affaire, qui ne leur peut estre que funeste,
nesera ce pas vne eloge à leur memoire de s’estre portez si genereusement,
freres contre freres, pour la deffense d’vn Estranger, qui leur deuoit
estre in different ; Quant à moy ie serois vn fat de refuser le bien de leur
protection, en les retirant de cet aueuglement, ny relascher encor moins de
mes interests, puis qu’ils les portent auec tant d’ardeur, quelques yssuë que
prenne cette affaire importante, d’où dépend absolument ma fortune, ie ne
sçaurois que retourner au neant d’où ie suis venu, & i’auray cette satisfaction
que ma ruyne attirera celle de beaucoup d’autres.
 

FIN.