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Mazarinade n° A_7_69

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Anonyme [1649 [?]], LE VERITABLE AMY DV PVBLIC. , français, latinRéférence RIM : M0_3917. Cote locale : A_7_69.


de nostre mauuaise fortune. N’est il pas vray que suiuant le dire
de l’Euesque de Constantinople personne ne peut estre endommagé
que par soy-mesme, Nemo læditur nisi à se ipso, & pour profiter
d’vn si bon aduis, & suiure le conseil d’vn si grand & si saint
Personnage, que ceux-là qui sont si faschez qu’on publie leurs excez
qui ne sont que trop publics d’eux msmes changent leur administration,
& de mauuaise la rendent bonne ou moins insupportable,
& à lors ils trouueront que toutes les maledictions qu’on leur
donne seront changées en benedictions, & on n’aura d’autre sentiment
pour eux, sinon que comme des Dieux ils ont eu entre
leurs mains la felicité ou l’infelicité des hommes. C’est peine perduë
pour eux de s’en prendre contre les Autheurs, ou contre les
Imprimeurs, pour empescher que ces petits escrits ne voyent le
iour. Peuuent-ils empescher qu’on parle, qu’on escriue, qu’on
publie des veritez qui sont plus claires que la lumiere du Soleil :
c’est estre iniuste de faire du mal, hardy de le faire au public, effronté
de ne pas apprehender chastiment, & du tout insensé de
croire que personne n’osera rien dire. Tant plus on nous deffend
vne chose, tant plus nous la souhaitons, dit le Poëte :
 
Nittimur in vetitum semper cupimusque negata.
Ceux qui liront ces cayers apprendront qu’ils ont esté deschirez
ayant esté pris dans l’Imprimerie par vn meschant Espion de
Mazarin, duquel on ne se donnoit point de garde, parce qu’il est
de l’Art de l’Imprimerie ; & comme vn double traistre sert d’instrument
aux ennemis pour descouurir & accuser les autres. I’auois
encore la memoire fraische de mon escrit quand i’ay sçeu
qu’il auoit esté rauy & porté à M. Lieutenant Ciuil, mais que plusieurs
choses ne meschappant en voulant le refaire, c’est dequoy
ie ne me puis garantir.
Ie voudrois n’employer iamis ma plume qu’à des Panegyriques,
si ceux qui ont la conduite des peuples le meritoient. Quelque
affection que ie leur aye tesmoigné ie n’ay peu gagner sur mon
esprit de dire du bien des personnes qui n’ont iamais fait que du
mal. Ie sçay bien qu’il est permis aux Orateurs de mentir, mais il
faudroit quelque chose de plus fort que l’Eloquence, pour faire
accroire aux peuples que ceux qui les ont voulu perdre meritent
des loüanges. Et ie crois qu’Isocrates n’auroit pas entrepris de
faire le Panegyre de Busiris que dans la Grece, & n’auroit iamais