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Mazarinade n° B_19_3

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Anonyme [1652], LE VERITABLE ENTRETIEN DE LA REYNE D’ANGLETERRE AVEC LE ROY ET LA REYNE à S. Germain en Laye, en presence de plusieurs Seigneurs de la Cour, & autres personnes de consideration. Ensemble les Particularitez de ce qui s’est passé de plus remarquable dans leurs Resolutions. Touchant les Affaires pressantes pour la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_3932. Cote locale : B_19_3.


Mes-Dames, Vous voyez bien que ma Sœur d’Angleterre
est contre moy ; & neantmoins ie la veux souffrir,
parce qu’elle a l’esprit assez bon pour conceuoir ce que
ie fais. La Reyne d’Angleterre ne fit pas semblant de
l’entendre : Et luy dit, Madame, il est temps que vous
vous mettiez en paix, non seulement vous, mais vostre
Peuple, qui souffre & gemit soubs le faids de la
Guerre. Voulez vous estre inexorable ? Non, respondit
la Reyne ; mais ie leur veux monstrer qu’ils ne sçauroient
borner ma volonté ; Dites-m’en vostre pur &
legitime sentiment. Madame, pardonnez-moy, ie
ne vous diray rien sur ces choses, car nous ne sommes
aussi bien que les autres que des creatures suiettes à
corruption ; & i’ay desia depuis long-temps experimenté
que ce que nous aimons & cherissons le plus,
c’est ce qui nous perd & nous détruit.
 
La Reyne se teut à ces paroles, & se leuant de son
siege, l’on luy vint annoncer que quelques Deputez
du Parlement luy venoient faire la reuerence, Elle dit,
ie ne les veut point entendre, Paris n’est pas mon azile ?
La Reyne d’Angleterre luy répondit : Que Paris estoit
pour Elle, & pour le Roy, & non pas pour son fauory.
A cette parole elle quitte la Compagnie, & ne donna
aucune audiance à ceux qui estoient venus pour pacifier
les affaires.
La Reyne d’Angleterre voyant cette froideur, son
esprit tousiours agissant vid bien qu’elle auoit quelque
dessein, la suiuit, & la rencontra qu’elle entroit en la
Chapelle ; Elle la salua, la Reyne receut le salut, & luy
rendit : Puis estant ensemble, elle luy demanda ; Ma
Sœur, pour quel party tenez-vous ? Voulez-vous estre
Reyne de France & de l’Angleterre ? Elle répondit à
ces paroles, ie ne suis rien, soyez quelque chose ? Le
silence fut grand, lors qu’vne quantité de Seigneurs,
Dames, & Gentils-hommes Anglois vindrent entourer
l’Imperiere, & la grand’Bretagne. La Reyne les