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Mazarinade n° B_20_27

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Anonyme [1652], LE VERITABLE MANIFESTE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE Touchant les raisons & motifs de sa sortie, & les protestations qu’il fait aux Parisiens qu’il n’abandonnera iamais leurs interests. , français, latinRéférence RIM : M0_3942. Cote locale : B_20_27.


nous frustre d’vn repos qui seroit maintenant on vostre possession, si ces
belles promesses dont la Cour a repeu vostre credulité, eussent eu autant
d’effet que d’apparence.
 
Pour moy, Messieurs, ie pense vous auoir tousiours parlé assez sincerement,
puis que ie ne vous ay iamais parlé que par mes actions. Ie n’ay iamais
voulu d’autres truchemens de mes intentions, que mes bras. A vos yeux
mesme : comme vous sçauez i’ay pris plaisir de prodiguer ma vie pour espargner
la vostre : & : ceux qui furent tant soit peu curieux de monter sur les rempars
de la Ville pour me voir au Fauxbourg S. Anthoine dans la plus dangereuse
de toutes mes Iournées : deurent ce me semble estre conuaincus que
mes protestations pour vostre seruice estoient sans reserue, & que j’épousois
sincerement tous vos interests auec autant de passion que vous le pouuiez
souhaiter du plus redeuable de tous vos obliger, puis qu’il n’estoit point de
hazard au trauers duquel on ne me vit hardiment voler, pour destourner de
dessus vos testes la tempeste que vos Ennemis estoient sur le poinct d’y faire
creuer ce jour là par le retour de quelques Vespres Sicilienes, ou d’vn second
massacre de S. Barthelemy.
I’ay tousiours pris plaisir de me laisser maistriser par cette humeur, de dire
peu & faire beaucoup. Si la Cour eust esté de mon sentiment, vous eussiez
eu le repos que vous demandiez auec tant d’empressement & de iustice,
Ceste seule Iournee où vostre droit & le mien auoit produit vne victoire
inoüie, luy eust fait redouter toutes les autres entreprises qu’elle auroit peu
faire de cette nature ; Et reconnoissant par le succez auorté à sa honte que
ses auantages mesmes ne luy seruoient que de matiere de confusion, elle
auroit pris le dessein de proceder sincerement à vn traité de Paix,
Mais comme sa Politique n’a iamais reconnu les maximes de la sincerité ;
tous les contre temps de ses entreprises n’ont serui que de theatre à
sa dissimulation. La Cour n’a iamais fait parler de Paix, qu’apres que ses
efforts pour la guerre ne luy ont pas reüssi : & comme il ne luy estoit pas possible
d’obuier par la force à toutes les suites d’vn desaduantage, elle s’est
tousiours aduisée de faire glisser dans le vulgaire le bruit d’vn accommodement,
& mesme d’y disposer en quelque façon les affaires, en faisant mine
de relascher du moins aparemment de ses premieres pretensions, cependant
neantmoins qu’elle trauailloit sous main à reparer les brèches de sa derniere
disgrace, pour en recommencer les diuisions, lors qu’elle iugeroit que la
necessité d’entendre à la Paix, pour ne pas entierement paroistre attaché a la
continuation de la Guerre, m’auroit de beaucoup afoibly,
Il a’est point d’occasion où ce double esprit de la Cour, n’ayt sensiblement
esclaté Toutes les demandes de la Paix, qu’on a si souuent reiterées, ont esté
constãment eludees par ce mesme principe. Les remonstrances que le Parlement
a si souuent fait iusqu’a se rendre importun, n’ont esté iamais suiuies
que de mille esperance, imaginaires, dont la Cour repaissoit cette illustre
compagnie, pour se renforcer en nous amusant ; Et quelques vigoureuses
poursuites que la France ayt poussé pour obtenir la Paix, elle n’en a iamais