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Mazarinade n° B_6_9

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Anonyme [1652], LE VERITABLE MANIFESTE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE Touchant les raisons & motifs de sa sortie, & les protestations qu’il fait aux Parisiens qu’il n’abandonnera iamais leurs interests. , français, latinRéférence RIM : M0_3942. Cote locale : B_6_9.


LE VERITABLE MANIFESTE
de Monseigneur le Prince.

LES remises de la Cour ont enfin lassé ma patience, parce que Son
Altesse Royalle les a condamnées, & qu’elles m’ont paru trop contraires
au restablissement du commerce & de la tranquillité des peuples.
Il faut que ie vous ouure sincerement mon cœur, Messieurs de Paris, &
que sans m’allarmer aucunement de l’apprehension qu’on me donne que
mes intentions vous seront déguisées pour vous faire succomber par erreur
aux allechemens de la Tyrannie : Ie vous auouë franchement que ie pense
auoir agy parmy vous auec assez de sincerité pour ne pas estre en estat de redouter
les atteintes que la calomnie pourroit faire à ma gloire ; Et pour vous
obliger de ne considerer pas mes desseins que par les excez de sa moderation
depuis la necessité fatale de ces desordres, ne peut, ce me semble, fonder
que les iustes esperances d’vne continuation qui dementira tous les
bruicts qu’on a faussement semé pour tascher de vous faire les instrumens de
ma ruyne & de vostre perte.
Si vous auez pris la peine de faire quelque reflexion des-interessée sur la
conduitte de la Cour, vous auez peu remarquer que les procedez n’en ont
iamais esté sinceres, & que c’est auec des continuelles soupplesses aussi contagieuses
à l’esprit d’vn ieune Maieur, qu’indignes du conseil d’vn Roy : Que
la Politique en a esté concertée par ceux qui se sont ingerez malgré toutes
nos loix dans le gouuernement de l’Estat. Aussi n’a-il iamais esté possible à
Son Altesse Royale, quelque soing & quelque prudence qu’il y ait apporté,
d’entreuoir aucune sorte de iour à l’accommodement que les necessitez publiqnes
exigeoient de son entremise Royale : Et les intrigues ordinaires dont
les nego ciateurs de la Cour embarrassoient malicieusement leurs traictez, ne
luy ont que trop fait cognoistre que c’est par des remises de cette nature
qu’elle esperoit plus fermement establir son iniustice, & qu’en temporisant
tousiours en faisant cependant mine de se vouloir accorder, elle obligeroit
les peuples par ces longueurs ennuyeuses, de s’accoustumer insensiblement
à souffrir la tyrannie.
En effet, Messieurs, vous pouuez tesmoigner à la gloire de S. A. R. & à
la mienne, que vous n’auez iamais blasmé dans nostre conduitte que nostre
moderation, & que les profonds respects que nous auons inuiolablement
conserué pour la personne sacrée de celuy dont l’authorité fait nostre bonheur
& le vostre, ne iustifient que trop la ferme resolution auec laquelle
nous allons nous ietter dans les affaires pour les pousser entierement à bout :
& pour ne consentir plus desormais, qu’auec ces amusemens trompeurs, on