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Mazarinade n° A_5_101

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Anonyme [1649], LE VRAY AMATEVR DE LA PAIX, CONTRE LES ADVIS dangereux du Libelle intitulé, ADVIS SALVTAIRE & genereux, &c. , françaisRéférence RIM : M0_4065. Cote locale : A_5_101.

quel dessein de rouurir vne playe qui a esté formée auec
tant d’appareil ? & pourquoy renouuellet vne guerre dans
vn temps mesme où la paix que la Reyne, les Princes, &
les Parlements nous donnent a esté cimentée du sang du
Fils de Dieu mourant, & auctorisée par la gloire de sa resurrection ?
Est ce que cette furieuse est plus desirable que
cette fille du Ciel ? Helas qui en pourroit former des souhaits ?
C’est vn nuage noir & espais qui sans cesse menace
du tonnerre & des esclairs, pour troubler la beauté de
l’air, & couurir la terre d’horreurs. Elle paroist comme
vn tourbillon qui arrache de nos mains ce que nous auons
de plus pretieux & se flattant tousiours des esperances du
triomphe, croit qu’il n’y a rien au monde qui ne soit suiet
à ses Loix, & obligé de ceder à sa force. Aussi égalle-elle
en violence ces Furies mesmes que les anciens nous ont
peintes d’vn regard terrible, auecque vne criniere effroyable
de couleuures & de serpents, tenants des foüets
ardants en leurs mains. De-là vient que les emprisonnements
& les meurtres, les ambrasements des Villes, la
ruine des campagnes, la desolation des Prouinces, & des
peuples entiers sont les effets ordinaires de sa fureur. Qui
pourroit donc la souffrir ? qui pourroit l’endurer ? & qui seroit
si ennemy de la nature que d’en rechercher l’alliance.
Autrefois les Dieux voulant donner la protection de la
ville d’Athenes à quelqu’vn de leur compagnie resolurent
de l’adiuger à celuy des contendans qui mettroit sur
le tapis, ce qui seroit plus necessaire au bien de l’homme.
Neptune comme Dieu de l’inconstance & du hazard presenta
vn cheual armé pour marquer, comme i’estime, cette
guerre où ce mal intentionné nous veut ietter auecque
plus d’impetuosité que de preuoiance, & moins de certitude
que de legereté. Minerue au contraire, Deesse constante
en ses desseins, & iudicieuse en ses pensées, iugeant prudemment
ce qui estoit plus vtile à la societé humaine proposa
l’Oliue, en tesmoignage que les plus doux fruits de
la vie ne se peuuent moissonner seurement qu’en vne saison