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Mazarinade n° A_5_94

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Anonyme [1649], LE VRAY POLYTIQVE OV L’HOMME D’ESTAT DES-INTERESSÉ AV ROY LOVYS XIV. SVRNOMMÉ DE DIEV-DONNÉ. , françaisRéférence RIM : M0_4073. Cote locale : A_5_94.


l’ambition commune neantmoins, qu’ils auoient d’auancer leurs
desseins à nos despens, estoit vne ligne de communication qui
les lioit contre nous.
 
Vos predecesseurs, SIRE, se trouuans en cela comme entre deux
> fers paroient le mieux qu’ils pouuoient aux coups, selon que leur
courage, où le temps le leur conseilloit. Mais de quelque costé
qu’ils se tournassent, tous ces expediens, que la necessité leur fit
prendre sur les occurrences, ayant ce semble plus tesmoigné leur
patience que leur generosité, ne furent que des lenitifs plus capables
d’endormir le sentiment de la douleur, que d’oster la cause
du mal. Tout ce qu’on appelloit trefue, ou paix, n’estoit
à bien dire qu’vne petite surseance pour reprendre haleine, &
qu’vne animosité lassée, qui remettoit bien les espées au fourreau,
mais non pas à l’atelier. Nos maladies auoient par fois
quelque allegement, ou quelque interuale : mais iamais de guerison,
ny de fin.
Louys le Iuste, ayant esté donné du Ciel à la France, pour
le bien commun de la Religion, & de l’Estat, ayant reconnu par
vne soigneuse recherche des veritables causes de nos maux, que
ce que nos quatres derniers Roy en auoient enduré, procedoit
plustost de la foiblesse de leurs Conseils, que de la force de leurs
ennemis, prit il y a fort long-temps vne resolution vrayement digne
de cette inclination naturelle, qui portoit sa Majesté aux
choses grandes d’arrester sur les occasions le cours de deux torrens,
qui pourroient quelque iour inonder à la fin ce Royaume,
& de faire voir vne fois, pour toutes, que ce
grand Prince estoit capable de borner toutes sortes d’entreprises,
que l’on faisoit sur luy, aussi tost qu’il estoit las de les souffrir.
L’insolence de ceux de la Rochelle, & la calamité de ceux de
Casal, estans depuis venuës à tel poinct, que sa Majesté ne pouuoit,
ny supporter l’vne sans lascheté, ny dissimuler l’autre sans
iniustice, elle veut estre obligée d’employer la force pour ranger
ses rebelles à leur deuoir, & maintenir ses voisins en leur heritage.
Les difficultez qui se rencontroient de toutes parts estoient si
grandes, qu’à moins d’vne reuelation particuliere de celuy qui
tourne le monde comme il veut, on ne pouuoit pas se promettre
absolument de les surmonter, comme on a fait. Sur quoy, de
tout ce que l’on pourroit representer là dessus, pour montrer combien
il estoit dangereux de choquer, & mal aisé de renuerser vne
telle puissance que celle-là, ie ne diray que ce mot seul, non
moins hardy que veritable, que vostre ayeul, Henry le Grand,
SIRE, tout Victorieux, tout Braue, tout Puissant, & tout Resolu