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Mazarinade n° D_2_22

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Anonyme [1649], LES ADVIS Heroiques & importans donnez A Mr LE PRINCE DE CONDÉ Par Monsieur DE CHASTILLON, reuenu de l’autre monde. Par l’Autheur mesme des Triolets. , françaisRéférence RIM : M0_514. Cote locale : D_2_22.



Et pour auoir bien fait doit-il estre puny ?
Quel grand crime ont commis tant de si sainctes
Dames ?
Quel grand crime ont cõmis tant de si bõnes ames ?
Qui souspirent sans cesse, & pleurent nuit & iour,
Pour appaiser les Cieux par des larmes d’amour ?
Mais quel crime ont commis ces Anges de la terre,
Qui dãs vn triste Cloistre aux Demõs font la guerre,
Qui combatent tousiours & ne cessent iamais
Au milieu des combats de demander la Paix ?
Helas ! tu n’entens point pendant ta violence
Le bruit d’vn peuple émeu qui cherche sa defence,
Et qui se voit contraint dans vn mal infiny
De maudire ton cœur autant qu’il l’a beny.
Mais de quelque discours que ce cœur s’entretiẽne,
Dy moy si tu le peux, quelle guerre est la tienne ?
Quel Demon t’inspira ces barbares emplois,
D’animer des François contre d’autres François ?
On void par ce desordre vn fils contre sa mere,
Contre sa chere sœur on voit battre vn cher frere,
Icy le cousin veut ruiner son cousin,
L’amy perdre l’amy, le voisin le voisin ;
On void icy l’amant agir contre sa Dame,
Et le mary s’armer pour combattre sa femme.
Triste confusion, deplorable malheur,
Qui me fait souspirer d’amour & de douleur.
Quand seras tu lassé de voir cette souffrance,
Quand seras tu lassé de perdre ainsi la France ?
N’és tu pas satisfait d’auoir veu tant de Bourgs
Trembler incessamment au bruit de tes tambours ?
N’es tu pas satisfait d’auoir mis au pillage
Tous les biens qu’vn Soldat peut trouuer au village ?
Et de souffrir encor que de lâches mortels
Iettent impunément leurs mains sur les Autels ?
N’es-tu pas satisfait d’oüir tant de familles,
Plaindre l’honneur perdu des femmes & des filles ?
Crois-tu que Dieu soit sourd & qu’il n’entende pas
Les cris des innocens qui souffrent le trépas ?
Mais crois-tu qu’il n’ait plus ny tonnerre, ny foudre,
Pour mettre desormais les coupables en poudre ?
Prince quand on est mort, on dit la verité,
Et l’ombre d’vn amy parle auec liberté ;
Tu ne dois pas trouuer ma harangue suspecte,
Puis que ie t’aime encore & que ie te respecte,