[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° D_2_22

Image de la page

Anonyme [1649], LES ADVIS Heroiques & importans donnez A Mr LE PRINCE DE CONDÉ Par Monsieur DE CHASTILLON, reuenu de l’autre monde. Par l’Autheur mesme des Triolets. , françaisRéférence RIM : M0_514. Cote locale : D_2_22.



Il t’a donné la force, & ce bras indomtable
 
 
Qui t’a fait deuenir par tout si redoutable ;
Il t’a donné l’adresse, il t’a donné ce cœur,
Qui t’a rendu tousiours, Conquerant ou Vainqueur :
Mais souuien-toy sur tout, qu’il t’a donné la vie,
Et tu veux l’affamer par vne ingratte Enuie ;
Et tu vas employer tout ce qu’il t’a donné
A le rendre funeste horrible, abandonné ;
Tu te sers de ce bras à causer sa ruine,
Tu te sers de ce cœur à l’auoir par famine ;
Tu te sers de la vie à luy donner la mort,
Bien loin de luy seruir de fils & de support.
Ah ! qu’il t’a fait beau voir humilier l’Espagne,
Forcer les Pays, & domter l’Allemagne ;
Ah ! qu’il t’a fait beau voir fouler ces orgueilleux,
Et ces Geans rauis de tes coups merueilleux :
Mais qu’il est déplaisant de te voir en colere
Contre la France mesme & déchirer ta mere,
Mais qu’il est déplaisant de te voir auiourd’huy
Persecuter Paris, & t’aigrir contre luy.
Ne sois pas le flambeau d’vne guerre ciuille ;
Songe que Philisbourg, Norlingue, Thionuille,
Rocroy, Fribourg, Donkerque, Ypre, Furnes & Lẽs,
T’ont acquis vne estime à durer mille ans ;
Mais Paris seulement te l’oste toute entiere ;
Apren que ton berceau sera son cimetiere,
Et que par ta rigueur tu pers en vn instant
Cét honneur qu’on te donne & qui te couste tant,
Tu sers vn Ennemy qui veut perdre ta Ville,
Reduire encor la France aux Vespres de Sicile ;
Mettre la Monarchie & le Sceptre en danger.
Et celuy que tu sers n’est qu’vn simple Estranger.
De grace grand Heros, rentre vn peu dãs toy-méme,
N’abaisse pas si fort vne gloire supréme,
Et si ton interest ne peut pas te toucher,
Voy l’interest de Dieu qui te doit estre cher ;
Qui poursuit l’innocent, attaque sa naissance,
Puis que tousiours c’est luy qui defend l’innocence :
Et qu’ont fait tãt d’enfans pour n’auoir pas du pain :
Qu’ont fait tant de Bourgeois pour mourir tous de
faim ?
Qu’a fait le Parlement pour en prendre vengeance ?
Luy qui maintient les Rois, qui conserue la France,
Qui tient dans le deuoir le peuple bien vny,