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Mazarinade n° A_3_35

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Anonyme [1649], EPILOGVE, OV DERNIER APPAREIL DV BON CITOYEN, Sur les miseres publiques. , français, latinRéférence RIM : M0_1264. Cote locale : A_3_35.


plusieurs Prouinces de l’Europe. Or il ne faut point aller à Delphes
pour sçauoir qui a poussé les Princes dans ces precipices, & qui leur a
bãdé les yeux pour ne les pas apperceuoir. Ce sont les infideles Conseillers,
& les patrõs de l’authorité absoluë. Vne dominatiõ moderée
n’est point subjete à ces accidens, & si elle reçoit quelque atteinte,
c’est par l’attaque du dehors ; car par elle mesme & de son estoc, elle
est presque immortelle, ne plus ne moins qu’vn corps bien temperé,
& sobrement nourry, qui de soy ne forme ny fiévre ny abcez, & qui
ne peut estre endommagé que par les accidens estrangers. Qu’heureux
seroient les peuples, & qu’heureux seroient les Roys si on pouuoit
purifier leurs Cours de la contagion de ces pestes. Or cela n’est
pourtant pas impossible, car nous sçauons qu’il y a des Royaumes en
l’Europe, où le nom de Fauory n’est non plus en vsage que la chose.
Pourquoy la France, l’Espagne, & l’Angleterre ne s’en pourroient-ils
pas bien passer ? Mais puis que cette maudite engeance est si opiniastre
à nous affliger, & qu’ils ne veulent pas démordre ny se destacher
de nostre peau, quoy qu’ils regorgent de nostre sang : soyons
de nostre part perseuerans à nostre legitime defense, & taschons d’en
dégouster & desabuser nos Roys & nos Reynes qui les protegent.
Or voicy, Dieu mercy, le temps acceptable pour ce bon œuure en
cette sainctes semaine : voicy les iours de salut, & peut-estre que le
nostre est plus prochain que nous ne pensons pas. Il y a apparence de
croire que Messieurs nos Princes donneront quelque quart d’heure
à leurs Confesseurs, & peut-estre que ces bonnes gens auront bien le
courage de leur auancer vne verité en secret, puis qu’ils n’ont osé
iusques à present la prescher en public. Ils verront neantmoins vn
iour s’ils seront bons marchands de leurs discretions & circonspections
trop timides. Quant aux fauoris & fauteurs de la puissance absoluë,
il ne leur faut pas tant de respect, nous auons assez de qualité
& de charactere pour leur parler du pair. Que si leur orgueil les empesche
de nous escouter, nous sommes contens de n’en estre pas
creus, mais nous leur produirons les aduis des sages anciens, selon
que la memoire nous les fournira. Et premierement Polybe leur apprendra
qu’il faut faire vne notable difference entre la Monarchie &
la Royauté. La Royauté c’est vne puissance legitime déferée par la
volonté & le choix du peuplé. La Monarchie c’est vne puissance
violente qui domine contre le gré des subjets, & qui les a sousmis