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Mazarinade n° C_7_77

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Anonyme [1649], EPILOGVE, OV DERNIER APPAREIL DV BON CITOYEN, Sur les miseres publiques. , français, latinRéférence RIM : M0_1264. Cote locale : C_7_77.


Simonie : Mais ce qu’ils en ont dit, soit en plaidant ou en escriuant,
ç’a esté par vn zele de party, les vns pour refuter les premiers Huguenots,
qui vouloient mettre l’Estat en Republique ; les autres
pour s’opposer aux attentats & pernicieuses maximes de la Ligue.
Et au lieu de se tenir dans les opinions moderées, ils se sont iettez
aux extremitez, en attribuant aux Princes plus de pouuoir qu’il ne
leur est expedient d’en auoir pour leur propre seureté. Bodin en sa
Rep. 1. 2. ch. 3. pense beaucoup dire, & croit que c’est vne grande
bonté aux Rois de se sousmettre aux loix de la nature : Quant aux
loix ciuiles, il estime qu’ils sont releuez par dessus d’vne grande
hauteur : C’est dans ce chapitre où il est si temeraire de qualifier
d’impertinence le discours d’Aristote, sur la diuision qu’il fait des
differentes Royautez, au 14. chap. du 3. l. de ses Politiques. Mais
en cette partie, c’est vn indiscret zelé, & qui n’est pas demeuré sans
replique. Cujas, (qui viuoit du mesme temps) auec beaucoup
moins d’affectation, & beaucoup plus grande cognoissance, a escrit
vne decision capitale sur cette matiere, en ces termes, Hodie principes
non sunt soluti legibus, quod est certissimum, quoniam iurant in leges
Patrias ; c’est sur la loy 5. ff. de Iust. & Iure. Le Pythagore des Gaules,
le Seigneur de Pibrac, qui auoit esté Aduocat General au Parlement,
autant passionné pour l’honneur du Roy, comme équitable
aux interests du peuple, ne feint point de dire, qu’il hait ces mots
de Puissance Absoluë. Au reste, toutes ces flatteries d’Orateurs qui
font des Panegyriques aux Empereurs, toutes ces paroles de braueries
que les Poëtes mettent en la bouche de leurs Rois de Theatre,
ne sont pas des authoritez considerables pour establir cette
puissance excessiue ; au contraire, ce qui est prononcé par vn Atreus,
vn Thyestes, ou vn Tibere, doit estre abhorré par vn bon Prince : Il
faut plustost prendre langue & instruction des Philosophes, qui
auancent leurs maximes en cognoissance de cause, & sur des fondemens
de raison & d’équité. Or on n’en trouuera aucun qui approuue
cette puissance sans limites : L’vn veut qu’il y ait vn Conseil
composé de gens experimentez ; l’autre veut qu’il y ait vne loy dominante,
dont le Prince ne soit que l’executeur & le ministre. L’empire
de la loy, dit Aristote, c’est quelque chose de diuin, de permanent,
& d’incorruptible ; l’empire absolu de l’homme seul est
brutal, à cause de la conuoitise, & de la fureur des passions, ausquelles