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Mazarinade n° B_6_45

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Anonyme [1649], LES DERNIERES PAROLES DE MONSIEVR LE DVC DE CHASTILLON MOVRANT, A Monsieur le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_1036. Cote locale : B_6_45.


de son sang, pour le mettre à couuert de la tyrannie ; pour peu que
vous relaschiez de ce soin, cette Majesté toute-puissante vous peut
desauoüer. Il est vray qu’elle vous a prescrit vne loy, dont l’obseruation
est laborieuse : mais elle vous a rendu cette necessité facile par
vne infinité d’auantages dont elle vous a reuestu.
 
Ce n’estoit pas assez d’estre venu au monde auec cette obligation,
il falloit que vos forces & vostre courage répondissent à vostre deuoir ;
le Ciel ne vous a point refusé cette grace, nous en auons veu des
effets, dont on ne peut se resouuenir sans étonnement ; & nos ennemis
n’ont pas crû se pouuoir consoler de leurs pertes, qu’en mettant
vos victoires au nombre des miracles. Aussi faut il auoüer qu’elles
sont au delà de la vray-semblance ; & la posterité aura de la peine à
croire qu’vn ieune Conquerant à peine sorty de l’enfance, ayt esté
consideré comme le Pere du peuple, & le Protecteur de l’Estat.
Que pouuoient produire ces merueilles dans le cœur de vostre
Patrie, sinon vn zele & vne tendresse pour vous ; sinon vne estime &
vn respect qui vous faisoit regarder comme son seul appuy ? Apres
vous auoir veu tant de fois triompher de nos ennemis sur la frontiere,
elle ne craignoit pas qu’vn ennemy plus dangereux nous troublast au
milieu de la France ; ou du moins elle esperoit qu’vne temerité de
cette nature vous seroit vn sujet de nouueau trophée : mais helas!
contre toute apparence elle n’a pas seulement veu ce monstre prest à
la deuorer, mais encor elle a veu cette assistance qu’elle attendoit de
vous, se changer en persecution. Elle a veu, & elle voit encor celuy
qu’elle pensoit deuoir estre son defenseur, se declarer son ennemy ;
& pour mettre à couuert vne teste ingrate & criminelle, ietter vne
infinité d’innocens dans le peril, abandonner son Roy à la trahison
de cet infame, & laisser pancher vne Couronne, dont vous deuriez
estre le soûtien. Pensez-vous apres cet oubly de vous-mesme que
le peuple vous connoisse encor ? Et croira-on que vous estes sorty d’vn
sang contre lequel vous fomentez la rebellion & la violence ?
Lors que Paris comblé de ioye pour l’heureux succez de vos Armes,
rendoit grace à Dieu de vostre derniere Victoire, & faisoit des
vœux pour vostre prosperité ; cette liesse fut troublée par vn malheureux
attentat, qui conuertit cette réjoüissance solennelle en vn regret
public de l’affront qui vous estoit fait. Le dépit de voir vostre honneur
blessé dans cette insolente entreprise, ioint au déplaisir de voir
deux personnes d’vne vertu eminente arrestées sous l’appast d’vne