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Mazarinade n° A_3_22

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Anonyme [1649], LES DOVCEVRS DE LA PAIX, ET LES HORREVRS DE LA GVERRE. , françaisRéférence RIM : M0_1173. Cote locale : A_3_22.


LES DOVCEVRS DE LA PAIX,
& les horreurs de la Guerre.

LA Guerre en ses fureurs est si contraire à la
nature, qu’elle n’engendre point d’estre qui
ne la craigne, & qui ne s’efforce de l’euiter.
Cette antipathie qu’elle a logé dans quelques-vns
des plus insensibles mesmes, ne les
pousse naturellement qu’à se fuïr, & c’est par vn mouuement
violant & extraordinaire qu’ils vont quelquesfois au
combat. Les plus vaillans & les plus raisonnables des animaux
(si ie puis parler en ces termes) n’entrẽt dans la mélée,
& ne s’exposent aux fers & aux flammes qu’en fremissant.
On a veu de ces hommes lions parmy les coups, & rouges
de feu dans les perils, qui pourroient glacer les plus fiers
courages ; trembler depuis les pieds iusques à la teste en y allant.
C’est la nature qui s’abat quoy que l’ame s’éleue, & qui
montre sa crainte malgré la hardiesse de l’esprit qui la sollicite.
C’est la partie inferieure qui s’intimide à mesure que
la superieure s’anime. C’est la chair & le sang, le corps cette
partie sensible & corruptible, à qui les douleurs sont si ameres,
& la mort est si effroyable qu’elle ne fuit que ce qui l’en
approche, & ne desire que ce qui l’en peut éloigner.
Ce n’est pas que l’ame generalement & des animaux, & des
hommes ne craigne la mort, aussi bien que le corps. Estant
la forme dont il est la matiere, leur vnion & l’amour estroite
qui se rencontre entre l’vn & l’autre, leur donne vne extreme
auersion pour tout ce qui les peut desunir. Celle des
brutes apprehende la perte de la vie, parce quelle perit par
le mesme effort qui fait perir le corps, auquel elle vit en l’informant,
& sans lequel comme elle est toute materielle, elle