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Mazarinade n° B_20_8

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Anonyme [1649], LES DOVCEVRS DE LA PAIX, ET LES HORREVRS DE LA GVERRE. , françaisRéférence RIM : M0_1173. Cote locale : B_20_8.



Et certes quant la guerre n’auroit autre tiltre que de
fleau de Dieu, elle est assez effroyable par cet epithete terrible.
C’est vne chose horrible de tomber aux mains du
Dieu viuant, dit l’Apostre ; quand il n’y auroit que le seul
penser sans la chose, qu’elle asseurance humaine pourroit
tenir bon en la presence de l’image d’vn objet si formidable
& si menaçant ? mais ces menaces ne sont pas de vaines
idées, l’effet suit la cause qui l’a precedé ; le coup succede
à la parole ; & le foudre éclate & rompt l’air en milles pieces
aussi tost que l’éclair est passé. Rarement voyons-nous
les armes en pratique, que nous n’apperceuions incontinent
toutes sortes de maux en vsages. La guerre traine apres
elle vne infinité de miseres, de mesme que le corps traisne
son ombre, la famine & la peste luy sont de fatalles suiuantes,
qui ne l’abandonnent que rarement ; les incendies, les
meurtres, les violences extremes, & les ruines épouuantables
sont tousiours à sa suite. Nous en auons de si fameux &
de si deplorables exemples dans l’antiquité, qu’il est bien
mal-aisé d’ignorer encore ces sanglantes rigueurs. Troye la
grande qui vit ces pompes enseuelies dans les flãmes grecques.
Rome la genereuse qui fut vn iour la proye pitoyable
de celles des Gaulois, & Carthage la superbe, que celles des
Romains abismerent dans ces propres cendres. Toutes les
cités qui furent, & qui ne sont plus ; tous les Empires qui
ont diuersement senty la reuolution des siecles, & la furie
des armes ; toutes ces choses nous crient du tombeau qui
enseuelit tout dans son ombre, de qu’elles rigueurs la guerre
a tousiours accompagné l’execution de ces entreprises ?
Sans aller si loin dans les siecles passés, le present ne nous le
fait-il pas assez remarquer ? combien depuis vingt-ans a-t’on
veu souuent l’Allemagne fumer du sang encore tout chaud
de ses habitans, & du feu des incendies qui a desolé ses plus
belles contrées ? combien a-t’on veu chez elle d’habitations
renduës desertes, combien de chasteaux demolis, combien
de maisons abattuës, & combien de familles ruinées.
Le demon de la guerre à n’en point mentir, est vn monstre
bien cruel & bien capricieux, & ie ne m’estonne pas de ce