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Mazarinade n° A_3_26

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Anonyme [1649], LES EFFETS ADMIRABLES DE LA PROVIDENCE DE DIEV SVR LA VILLE DE PARIS; OV REFLEXIONS DVN THEOLOGIEN enuoyées à vn sien amy solitaire sur les affaires du temps present. , français, latinRéférence RIM : M0_1199. Cote locale : A_3_26.


de Dieu nous fait venir des Conuois, tantost d’vn
costé, & puis d’vn autre, par des routes secretes, qui sont des
marques manifestes d’vne merueilleuse prouidence de Dieu
sur la ville de Paris.
 
Nous n’auons du pain qu’auec de la peine, cela est vray,
mais neantmoins nous en auons.
Nous sommes nourris icy à la Laconiene, pour aguerrir
la ieunesse des Lacedemoniens, on leur tenoit serrées les
prouisions, & ne leur donnoit-on pas à manger toutes
les fois qu’ils vouloient : de maniere, que pour la pluspart
il faloit qu’ils tachassent d’auoir du pain par surprise, &
de l’en leuer comme à la dérobée : Voila, Monsieur, de la
façon que nous sommes nourris, nous n’auons point de
pain qu’il ne faille disputer, tâcher de le surprendre quelquefois
de nuit, comme si nous le derrobions, il faut
faut rendre des combats, le disputer à la point del’espée,
cela est vray. Mais n’importe, au moins en auons nous, aussi
bien que de toute sorte d’autres prouisions, non seulement
pour la necessité, mais mesmes iusques a pouruoir à la volupté
& aux delices, nonobstant les oppositions de nos aduersaires.
De maniere, que comme Sainct Ambroise meditant
sur ces festins que faisoit le Prophere Daniel au milieu
de la fosse aux Lyons, dit ces belles paroles. Leones fremebant,
at Daniel epulabatur, Que Daniel banqueroit tout à son
aise, tandis que les Lyons fremissoient autour de luy. Voila
vne image de nostre condition, nous banquerons, & faisons
des festins au milieu de la ville de Paris, tandis que les lyons
qui sont autour de nous fremissent de rage, & s’estonnent
comment nous ne mourons pas de faim.
Mais il y a vn autre estonnement qui les surprend beaucoup,
& qui les met au desespoir, & c’est vne chose qu’ils ne
peuuent comprendre de voir comment la multitude d’vn
peuple si nombreux, le corps d’vne si grande ville sous la
conduite de tant de Chefs, subsiste si long-temps dans vne si
estroire vnion, non obstant les efforts & tous les artifices
des quels ils se seruent pour nons diuiser.