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Mazarinade n° A_2_63

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Anonyme [1649], ESTABLISSEMENT VNIVERSEL DE LA PAIX GENERALE, OV SENTENCES MORALES ET POLITIQVES Sur les plus importantes matieres de l’Estat. Contre les vsurpateurs du bien public. Où le droit des gens, & la cause commune sont equitablement defendus. En faueur des Souuerains & des Peuples. Touchant la veritable creation & la legitime authorité des Roys, & la mutuelle obligation des Princes enuers leurs Sujets, & des Sujets enuers les Princes. Piece rare & instructiue & pour le Tiers Estat, & pour la Noblesse. , françaisRéférence RIM : M0_1289. Cote locale : A_2_63.


que les passions des hommes ne sont que des demons
reprouuez, ou des furies abominables, aux Roys &
auz Peuples. La vertu, qui se trouue rarement dans le siecle
où nous sommes, doit estre vne faculté inseparable des
Souuerains, & vne habitude glorieuse de bien faire à tout
le monde. Le desir de l’Eternité, & l’esperance de la Beatitude
deuroient porter leur generosité à la conqueste de
ces felicitez permanentes, afin d’establir leurs Maiestez
dans vn regne infiny contre la tyrannie des siecles. Mais
bien loin de donner leur esprit à de si dignes obiets, les
miseres publiques ne sont pas seulement capables de leur
arracher vne larme des yeux, ny d’esleuer leur entendement
à des meditations si necessaires ; Neantmoins qu’ils
sçachent qu’il n’est rien qui leur soit plus important, ny qui
les doiue toucher dauantage ; Car ils ne sont pas seulement
responsables de leur propres actions, mais ils le sont
encore de celles de leurs Suiets, & Dieu les fait choir bien
souuent du Throne où ils sont montez, pour y placer quelquefois
vn funeste vsurpateur, veu qu’ils n’empeschent
pas leurs Peuples d’irriter sa Diuine Maiesté en murmurant
contre luy, lors qu’ils le peuuent faire, C’est pourquoy
les Roys, par vne prudence qui ne doit point auoir
d’autre obiet que la Prouidence Diuine, semblent d’estre
obligez de s’accommoder aux necessitez du public, & d’agir
en leur endroit auec plus de douceur que de force.
C’est par ce moyen que leur valeur se trouuera moins necessaire
que leur clemence, afin de trauailler en nostre faueur,
& pour nostre profit & pour leur gloire. Les Mysteres
de l’Estat ne sont pas si contraires aux Mysteres de
la Religion, qu’ils ne puissent tous deux également viser
au salut des Peuples. Les anciens Politiques se trouuoient
bien souuent deceus au gouuernement des Estats ;
parce qu’ils n’imitoient en leur conduite que les actions
des hommes qui les auoient precedez, en la pratique
d’vn exercice si deceuant & si funeste. Mais vn Prince
Chrestien, vn Fils aisné de nostre Eglise Militante, ne deuroit
iamais auoir d’autre exemple deuant les yeux que