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Mazarinade n° A_2_63

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Anonyme [1649], ESTABLISSEMENT VNIVERSEL DE LA PAIX GENERALE, OV SENTENCES MORALES ET POLITIQVES Sur les plus importantes matieres de l’Estat. Contre les vsurpateurs du bien public. Où le droit des gens, & la cause commune sont equitablement defendus. En faueur des Souuerains & des Peuples. Touchant la veritable creation & la legitime authorité des Roys, & la mutuelle obligation des Princes enuers leurs Sujets, & des Sujets enuers les Princes. Piece rare & instructiue & pour le Tiers Estat, & pour la Noblesse. , françaisRéférence RIM : M0_1289. Cote locale : A_2_63.


Philosophes, des Vertus requises au Prince, leur dit,
que celuy qui n’estoit pas meilleur que ses Suiets, estoit indigne
de l’Empire. Quelques vns enuieux de l’honneur de
Leon Roy des Spartins, luy reprochoient qu’il estoit de la
mesme nature que les autres hommes, & qu’il ne meritoit
pas d’estre preferé à qui que ce fust, que par le moyen de
dignité Royale. Solon l’vn des plus Sages de Grece, interrogé
quel deuoit estre le Gouuerneur du Peuple ; Tel,
dit-il, qu’il se sçache gouuerner, auant que d’entreprendre
à regir les autres. Philippe Roy de Macedoine conseilloit
son fils Alexandre, de viure en telle sorte, qu’il ne donnast
pas suiet à personne de blasphemer contre sa renommée.
Et le mesme Alexandre profitant de cette doctrine
paternelle, se voyant importuné par vn de ses Fauoris de luy
dire quel il vouloit qu’on choisist pour son successeur en
l’Empire, lors que la mort l’auroit mis au nombre de ses
Manes, il luy respondit fort bien, que ce seroit celuy qui
en seroit digne. Salomon nous enseigne que l’homme equitable
& l’homme sage, sont plus propres à la Royauté que
les turbulens & les expugnateurs des villes. Agesilaüs Roy
des Lacedemoniens, soustenoit que celuy qui sçauoit captiuer
ses affections sous l’vsage de la raison, estoit plus digne
de loüange, que s’il eust assuietty tout l’Vniuers sous
sa puissance. Il est selon son sentiment plus glorieux de se
maintenir soy-mesme en sa propre liberté, que de la rauir à
tous les autres. Le Prophete Michée nous asseure, que les
mauuaises passions sont les ennemis domestiques des Princes.
Sainct Pierre en sa deuxiéme Epistre, & Sainct Augustin
au quatriéme liure de la Cité de Dieu, nous aprennent
vne mesme doctrine. Ciceron, quoy qu’il ne fust pas
esclairé de la lumiere Euangelique, nous instruit en ses
paradoxes de la Nature de l’homme, qui ne sçauroit pas
commander aux autres ne sçachant pas les veritables
moyens qu’il faut tenir pour se commander à soy-mesme.
Certes si le Prince veut que l’Estat soit dans vne tranquilité
parfaite, il faut qu’il se rende luy-mesme suiet à ses loix,
aussi bien qu’à celles de ses ancestres. L’exemple du Souuerain