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Mazarinade n° C_5_30

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Anonyme [1649], LES GENEREVX SENTIMENS DV VERITABLE FRANÇOIS, SVR LA CONFERENCE ET PAIX DE RVEL : AVEC Exhortation à tous bons François, de ne point poser les armes, que le Cardinal Mazarin ne soit mort, ou hors du Royaume, conformément à l’Arrest du huictiesme Ianuier, 1649. , françaisRéférence RIM : M0_1491. Cote locale : C_5_30.


d’Alemagne & de Suede, qu’on a achepté à beaux deniers
comptans, pour nous mettre à la raison : c’est à dire, pour
nous perdre, & nous exterminer ? L’on differe & l’on temporise
exprés, iusques à ce qu’elles soient à nos portes ! Ah
François ! ah François ! seront-nous tousiours insensibles à
nostre perte, aueugles à nos mal-heurs, faciles à nous laisser
duper ? Seruirons-nous tousiours de fable & de risée à toutes
les Nations ? Presterons-nous tousiours & le dos & la gorge
à ce Comite impitoyable, semblables à ces vieux forçats
qui ne peuuent quitter les Galeres, tant ils sont accoustumez
à la Cadene ? Non, non, si vous m’en croyez, nous éuiterons
ce piege, nous ne poserons point les armes, que le Cardinal
ne soit mort ou esloigné pour iamais de la France. Il ne
triomphera pas de nous, auparauant que nous auoir vaincus.
Vne si grande victoire ne s’achepte quauec du sang.
Que diroient nos Compatriotes & nos Voisins, ausquels
nous auons donné nostre foy, qui se sont saignez pour nous
secourir, sinon que nous les abandonnons laschement ? Que
diroit toute la France, qui s’est mise sous les armes à nostre
exemple, non qu’il ne faut plus se fier en nous ? Que diroient
nos enfans & toute la posterité, sinon que nous les plongeons
plus auant que iamais dans la seruitude ? Que diroient
nos peres & nos majeurs s’ils estoient viuans, sinon que
nous auons honteusement degeneré de leur vertu ? Que diroient,
enfin, ces ames genereuses, qui ont exposé, n’agueres
si librement leurs vies pour nostre defense, sinon que
nous sommes des lasches & des effeminez, qui n’oserions
les suiure dans le Tombeau. Ce sang qu’ils ont respandu
si constamment, nous demande vengeance, puis qu’aussi
bien nous auons esté negligens à les secourir. Ah ! ne vaut-il
pas mieux mourir glorieusement comme ils ont fait, que
de traisner vne pauure & languissante Vie ? que de souffrir
qu’vn Estranger, mais qu’vn coquin & vn infame nous donne
la Loy, & nous traitte en esclaues ? Verrons-nous donc
tousiours ce postillon d’intrigues, assis sur le Throsne du