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Mazarinade n° A_2_62

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Anonyme [1649], EXAMEN SVR LES AFFAIRES DV TEMPS. , françaisRéférence RIM : M0_1321. Cote locale : A_2_62.

hommes qu’ils auoient au commencement, pourroient
venir à bout d’vne ville de huit lieuës de tour,
& de trois ou quatre cens mille habitans, capables de
s’ouurir lors qu’ils voudroient vn passage par les armes,
d’aller querir du pain à la pointe de l’épée, & de
le porter au bout de leurs hallebardes, & de leurs piques.
Quoy ne sçauoient ils pas que la necessité donne
du cœur, & de l’inuention aux plus lasches mesmes,
& au plus stupides ? pouuoient-ils douter que les
Parisiens ne choisissent plustost la mort qui se trouue
dans les combats, où ils eussent peri tous seuls,
que celle de la famine, qui n’eut pas épargné leurs
femmes, & leurs enfans, n’auoient-ils pas ouy dire
que le desespoir estoit l’esperance des malheureux, la
force des foibles, la ressource de ceux qui n’en auoient
point, & que les ennemis ne sont iamais tant à craindre
que dans ces extremitez ou il ne craignent plus
rien, ne deuoient-ils pas s’imaginer que des personnes
que l’on destine à la plus cruelle sorte de mourir,
imploreroiẽt le secours de toute la terre, & pouuoient-ils
douter qu’ils n’en receussent tant des estrangers
que des compatriotes, ignoroient-ils qu’il y auoit
des personnes de haute naissance, & d’vn merite extraordinaire,
qui ne laisseroient iamais échapper vne
si belle occasion, pour méler leurs interests auec
ceux du public ? Ils respondront qu’ils n’auoient pas
tant mal concerté leurs desseins, qu’ils auoient bien
crû que les personnes aisées auroient long temps dequoy
faire bonne chere : mais que le pain de trois ou
quatre marchez venant à manquer, il y auoit toutes