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Mazarinade n° C_9_5

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Anonyme [1649], LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA DEFFENSE DV PARLEMENT & des Habitans de Paris. Contre les Perturbateurs du repos public, & les Ennemis du Roy & de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2967. Cote locale : C_9_5.



Il n’eut pas si-tost attenté à la personne de ce Prince genereux
par des accusations malicieusement inuentées, & par
vne prison de cinq ans, qu’il trouua aussi moyen de chasser
de la Cour Monsieur l’Euesque de Beauuais Comte &
Pair de France, qui auoit receu tant de fois les larmes de la
Reyne lors qu’elle auoit esté persecutée, à cause que la bonté
des mœurs & l’eminente vertu de ce Prelat luy faisoient ombrage,
& qu’il auoit déja jetté quelques fondemens de la Paix
vniuerselle, qui eust ruïné sans doute tous les projects qu’il
auoit faits de sa grandeur & de sa fortune.
Ces premieres demarches ayant heureusement reüssy au
Cardinal Mazarin, il n’y a rien qu’il ne tente sur l’esprit de
cette Princesse, & comme les Finances du Royaume estoient
son principal object, qui est le vice ordinaire d’vne basse & vile
naissance, & de tous ceux de sa nation, il songe à s’en rendre
le maistre absolu, en y mettant des hommes de sac & de corde,
& qui s’estoient déja rendus infames par les vols & les brigandages.
Pour paruenir à son dessein il esleua le sieur d’Emery, dont
les mœurs estoient entierement conformes aux siennes, &
qu’il sçauoit estre capable de tout entreprendre pour luy complaire,
& pour assouuir son auarice & son ambition.
Et de fait, il ne fut pas si tost entré dans la direction des Finances,
que violant les anciennes Loix de l’Estat, il n’y auoit
sortes d’aduis & d’inuentions qu’il ne recherchast pour opprimer
le peuple, & le sur charger d’impositions & de taxes si nouuelles
& si extraordinaires, qu’il sembloit estre inspiré des
Demons, & qu’il n’estoit né que pour la destruction de cette
grande Monarchie.
Le Parlement ayant voulu dés le commencement arrester
le cours de ce desordre, & empescher l’establissement de
toutes ces nouueautés, il se fit vn grand conflit, qui eut vn
succez tres-funeste & tres-malheureux pour cette Illustre
Compagnie.
Car bien qu’elle ne trauaillast que pour le bien public, &
que la Reyne luy eut l’obligation toute entiere de sa Regence,
neantmoins elle souffrit que ces deux Tyrans qui s’estoient
éleués au prejudice de tant de gens d’honneur & de suffisance,