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Mazarinade n° C_10_28

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Anonyme [1649], LES TERREVRS DE MAZARIN, ET LE SECOVRS CHIMERIQVE & imaginaire qui luy vient d’Italie, conduit par le redoutable Capitaine & General Scaramouche. , françaisRéférence RIM : M0_3762. Cote locale : C_10_28.


disant qu’il auoit à leur communiquer vne bonne nouuelle d’Italie
qui luy auoit esté apportée ceste nuict passée, laquelle luy donnoit esperance
de voir sa Grandeur & son pouuoir mieux establis que iamais : Le
Secretaire obeït promptement & courut appeller ces trois fidelles confidens
qui furent beaucoup resioüis d’apprendre que ce digne Ministre
estoit guery de ceste fiéure continuë ou plustost de ceste lasche poltronnerie
qui l’auoit saisi le iour auparauant ; comme donc ils entrerent dans sa
chambre, il les receut auec vne contenance bien differente de celle ou ils
l’auoient laissé : Il les fit tous asseoir à l’entour de luy comme s’il eut voulu
tenir conseil auec eux ; Et commença son discours d’vne sorte, qu’ils ne
tarderent pas longtemps de connoistre que sa folie estoit plustost augmentée
que diminuée, & que le remede qu’on luy auoit donné pour le faire
dormir estant [illisible] targique luy auoit causé des songes tres ridicules, lesquels
pourtant il se persuadoit estre veritables ; voicy la substance de son discours.
 
Mes chers & bien aimez confidens ; Comme ie sçay que vous prenez
part à tout ce qui touche ma fortune & ma gloire ; vos interests estans inseparables
des miens, & ma cheute entrainant apres soy vostre ruine ; I’ay
esté dans l’impatience de vous voir pres de moy pour vous communiquer
des nouuelles tres asseurées que i’ay receuës ce soir, d’vn secours tres-considerable
que mes plus grands & anciens amis m’ont preparé en Italie,
& qui est desia en chemin pour venir ; estant asseuré qu’il sera aux portes
de Paris bien plustost que les troupes de l’Archiduc Leopold desquelles
l’on nous menace, (& que ie vous aduoüe m’auoir donné plus de terreur
que toute autre chose.) Et afin mes chers Amis que vous soyez asseurez de
ce que ie vous dis ie m’en vay vous raconter comme ma sage preuoyance
nous a procuré ce secours, & vous connoistrez que ie ne suis pas si malheureux
qu’on me croit, & qu’il y a encore dans le monde plusieurs grands
Personnages qui prennẽt à faueur d’employer leurs biẽs & leurs vies pour
mon seruice. Il y a environ trois ou quatre mois que plusieurs Astrologues
tres sçauans m’ayans aduerty que ma fortune estoit sur le point de sa decadence,
ie deuois songer a moy, & faire en sorte par ma sagesse de destourner
la malignité des Astres qui me menaçoient d’vne cheute aussi honteuse
comme ma gloire auoit esté Eminente ; Sur cét aduis (qui se trouua conforme
à mon Horoscope) i’ay creu que la principale chose qu’il faloit faire
pour dessourner ces funestes influences, estoit de coniurer tous mes amis
de se tenir prests pour me secourir au besoin, si les François irritez des mauuais
traitemens que ie leur ay faits, vouloient me chasser du glorieux rang
que ie riens prés du Roy & de la Reyne Regente ; Ie despeschay donc
diuers Messagers vers tous les Princes & Republiques d’Italie ; mais il faut
que ie vous confesse que mes Enuoyez n’y receurent pas tout le contentement
que ie m’estois imaginé ; Ces sages & trop Prudents Souuerains
tesmoignerent auoir beaucoup plus d’inclination & de volonté à me nuire
qu’à me seruir ; ie connus que ma grandeur & mes trop immenses richesses
leurs estoient suspectes, & qu’ils estoient enuieux de me voir à la veille de
m’esleuer beaucoup au dessus d’eux par le moyen de mes tresors. Bref,