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Mazarinade n° B_14_45

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Anonyme [1652], LES VERITABLES MOTIFS DE LA RETRAITE DE MONSIEVR LE COMTE D’HARCOVRT, ET LES IVSTES RAISONS qui l’ont obligé de quitter le Commandement de l’Armée Mazarine. , françaisRéférence RIM : M0_3970. Cote locale : B_14_45.


LES VERITABLES MOTIFS
de la Retraite de Monsieur le Comte
d’Harcourt.

SI ce n’estoit l’ordinaire de la Cour de pratiquer la
fourberie, & l’ingratitude à l’endroit de tous ceux
qui les ont le plus sensiblement obligez, on s’etonneroit
auec quelque sorte de raison de voir Monsieur
le Comte d’Harcourt dans la disgrace, luy qui a seruy
auec tant de chaleur, & qui estoit comme le bras droict
du Cardinal, qui luy est redeuable de tout, comme tout
le monde sçait bien par ce qui s’est passé.
Mais il ne faut point s’estonner si vne femme est changeante,
le Poëte dit que c’est sa nature ; Varium & mutabile
semper fœmina, lib. 4. Æneid. Et si vn Italien est
infidele, puisque c’est le naturel de la Nation Vltramontane,
le Cardinal de Sainte Cecile, frere du Mazarin,
le declara en pleine Assemblée à Aix en Prouence,
lors qu’il dit tout haut, Mio Fradello sta forbe, Mon frere
n’est qu’vn Fourbe : Il le fait bien voir à l’endroit de
ce grand Capitaine, qui aprés luy auoir donné lieu où il
est à present, est si indignement traité par ce perfide,
qui en fera tout autant à tous ceux qui prendront son
party, & qui luy rendront quelque signalé seruice.
Le premier suiet de cette retraite de Monsieur le
Comte d’Harcourt, fut le refus absolu que ce Ministre
luy fit des prouisions du Gouuernement de Guyenne,
du moins de ce qu’il en pourroit gaigner par les armes,
quoy que Monsieur le Prince, â qui il appartient de
droict, il l’ait promis à plus de quatre de ses creatures,