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Mazarinade n° B_11_29

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Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.


parce qu’il est homme sans foy, & qui veut establir la
perfidie par des maximes abominables, dont les autheurs doiuent
estre escartez d’aupres les personnes des Roys, veu qu’elles tendent
à dissoudre l’vnion qui doit estre entre le Prince & ses Sujets ;
& par consequent vont à la destruction des Monarchies ;
estant impossible qu’elles se conseruent si on rompt les liens de la
societé ciuile, & se priuent des moyens de maintenir son credit
parmy ses amis, & de se reconcilier auec ses ennemis. Nous dirons
dauantage, que si par vne corruption generale la verité & la bonne
foy se trouuoient bannies de la conuersation & du commerce
des hommes, les Princes seroient obligez de les garder, non seulement
parce que leur reputation vient principalement de ces
vertus Royales, mais à cause qu’il leur seroit impossible de traiter
auec les Estranges soit de paix ou de guerre.
 
François I. vn de vos predecesseurs, lors qu’on luy voulut persuader
de faire arrester l’Empereur Charles-Quint, qui prenoit
son chemin sur la seureté d’vn passe-port, répondit à ses mauuais
Conseillers, Il faut que les Roys qui ne sont point arrestez par la
crainte des loix & des vengeances humaines, soient retenus par
l’estat qu’ils doiuent faire de leurs promesses, lesquelles ils sont
obligez d’executer, quand tout le reste du monde s’en seroit dispensé.
En effet, SIRE, vostre Majesté jugera bien qu’à l’heure mesme
qu’vn Monarque, qui ne peut estre contraint par les voyes
de Iustice, vient à mépriser sa parole, il ne sçauroit faire vne perte
plus notable que la creance qui tient les cœurs doucement attachez,
dans lesquels vn Prince sans foy ne regne plus. Mais les plus
detestables & dangereux Fauoris des Roys, sont ceux qui apres
leur auoir conseillé d’vser de perfidie, pour se déméler de quelques
rencontres fascheuses, sont assez malicieux pour la vouloir
establir par des maximes generales, & sont si audacieux de les
rendre publiques. Le Cardinal Mazarin qui les a pratiquées, les a
aussi enseignées, en disant plusieurs fois, que la bonne foy ne
doit estre en vsage que parmy les Marchands ; Que l’honneste
homme n’est point esclaue de sa parole, & qu’il n’y a point de
danger de mentir, pourueu que le mensonge ne soit connu qu’apres
qu’il a reüssi. Si ces damnables leçons entrent dans l’ame
d’vn Prince de vostre âge, quels remedes trouuerons-nous à vne
guerre ciuile ou estrangere ? Qui seroit l’ennemy qui se fieroit
à vne paix signée ? Qui seroit le sujet qui se tiendroit asseuré
du pardon, & qui s’appuiroit sur vne amnistie ? N’est-ce pas le