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Mazarinade n° B_8_8

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Anonyme [1652 [?]], FABLE DV LION, DV LOVP ET DE L’ASNE. , françaisRéférence RIM : M0_1358. Cote locale : B_8_8.


souffrir, & la plus contraire à la vie) si vous ne cherchiez
vostre proye, & n’alliez à la chasse pour satisfaire vostre
appetit, & apprester vostre disner vous-mesmes du sang
& de la graisse de quelque animal delicat, qui viendra
mieux à vostre goust. Ie ne croy pas que Dieu soit offensé
en vos actions, ayant pris tant de plaisir autrefois au sang
des victimes esgorgées, & à l’odeur & la fumée des holocaustes
de l’ancienne Loy, autrement sous ce pretexte
faudroit rendre tous les hommes coupables & generalement
criminels, qui n’espargnent ny le sang ny la vie des
animaux pour leur vsage & seruice, joint aussi que la nature
nous fait voir, qu’il y en à, que par vne prouidence
de Dieu toute particuliere multiplient tellement, que ce
seroit peché de ne les pas tuer & manger, comme cochons,
pigeons, lapins, moutons & autres telles especes ;
partant si vous croyez auoir failly, i’estime vostre condition
toute royalle digne de pardon, ainsi que telle en est
l’vsage, & la pratique ordinaire à l’esgard d’vn grand Roy
comme vous estes.
 
Le Lion ainsi absout, le Loup se met en deuoir de dire
aussi-tost sa coulpe, racontant comme bien souuent rodant
autour des maisons & des mestairies, il auoit pris les
oisons au collet, mangé les poulets & les poules, estranglé
les brebis : quoy plus ? qu’il n’auoit pas mesme esparné
les vaches, les asnes & les cheuaux aussi bien que les
hommes dans la rigueur de l’hyuer. Mais le Lion connoissant
le Loup d’vn estomach aussi chaud que le feu, luy
pardonna de mesme sa faute, qu’il iugea auoir digeré fort
aisément les bestes qu’il auoit deuorés.
Il ne restoit plus que la Confession de l’Asne, qui apres