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Mazarinade n° A_5_67

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Anonyme [1649], LETTRE D’VN GENTILHOMME ROMAIN A VN FRANCOIS. Contenant les discours que tiennent les Politiques estrangers du gouuernement de la France; & comme ils connoissent que ses afflictions ne prouiennent que des trahisons de ses Ministres. Nouuellement & fidellement traduite d’Italien en François. , françaisRéférence RIM : M0_1879. Cote locale : A_5_67.


qu’elle en a faite par son Contract de Mariage, ne deuant
auoir lieu que pendant qu’elle seroit mariée auec le feu
Roy. Et ne regardant point du tout les enfans qu’elle pourroit
auoir d’vn second Mariage, veu qu’il y a clause expresse,
par laquelle ses droits sont reseruez audit cas. Et cela
estant, que ne peut-on pas faire esperer au Cardinal Mazarin,
s’il se rend considerable aux Espagnols, comme il a fait
depuis quelque temps, par la conseruation du Royaume de
Naples qui estoit entierement perdu, & par la paix d’Allemagne,
qui fait perdre à la France tous ses Alliez, & luy
laisse tous ses ennemis ? Et par les broüilleries & diuisions
domestiques qu’il entretient auec addresse, tant entre les
Princes, qu’entre le Conseil & le Parlement, afin de donner
moyen aux ennemis, de recouurer dans l’année prochaine
ou suiuante, tout ce qu’ils ont perdu en Flandre auec la
Catalogne. Et voila le vray sujet pour lequel on n’a pas voulu
faire la Paix d’Espagne à Munster, par ce que la trahison
eust esté trop visible, si en presence de vos Alliez on eust relasché
des propositions qui auoient esté desia accordées par
les Ennemis. Et il eust aussi esté trop des-auantageux pour
les Espagnols, de conclure la Paix à ses conditions. Mais
parce qu’il y auoit à craindre de traiter auec vn François
d’vne intrigue si miserable à l’Estat, il a fallu que le Secretaire
de Pigneranda aye fait deux voyages en vostre Cour,
pour communiquer en secret auec le Cardinal Mazarin
des moyens qu’ils doiuent obseruer pour paruenir au restablissement
des affaires d’Espagne, & à la ruine de la France.
 
Ce n’est pas que les Espagnols ayent dessein d’accomplit
ce qu’ils promettent au Cardinal, ny mesme ce qu’ils
font possible esperer à la Reine, mais ils en vsent enuers luy,
comme il fait enuers Monsieur le Prince, & l’Abbé de la
Riuiere, ausquels il promet tout ce qu’ils defirent, sans auoir
dessein de leur rien tenir.
Si vous doutez de la verité de ces auis, vous n’auez qu’à
considerer ce qui s’est passé cette année à Courtray, à Naples,
& à Cremone : Pour l’vn, on n’auroit eu garde de recompenser