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Mazarinade n° C_3_102

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Anonyme [1649], LVMIERES POVR L’HISTOIRE DE CE TEMPS, OV LA REFVTATION DE TOVS les Libelles & Discours faits contre l’authorité Royale durant les Troubles à Paris. Auec les motifs de la stabilité & durée de la Paix, contre l’opinion du vulgaire. Fiat pax in virtute tua, & abundantia in turribus tuis. , français, latinRéférence RIM : M0_2334. Cote locale : C_3_102.


puis que ta simplicité a donné occasion là quelques-vns de
seruir ton Roy, que ie croy que tu desires estre seruy, mesme aux
despens de ton honneur, & de ta propre vie. C’est pourquoy ie
suis bien aise, que tu aye esté facile à persuader en ce temps-là,
puis que ta persuasion a osté l’occasion aux seditieux de faire
perir par tes propres mains ton propre & legitime Roy ; mais ie
suis fasché que maintenãt tu sois facile à persuader, aux despens
de ton honneur & de ton repos, à la ruine de ton pays & de la
Monarchie. Tu sçais fort bien que c’est vne legereté, que de
croire ainsi legerement que ton Roy te fait la guerre, lors qu’il
te donne la paix. Tu sçais que c’est cette defiance, qui esloigne
auec sa Maiesté ton bonheur & ton repos de toy. Car serois-tu
encore assez simple, pour croire que les Personnes Royalles se
croiroient en asseurance aupres de ta defiance : Non non, ie croy
que tu n’es point credule iusques à ce point. Veux-tu que ie te
die vn secret de ramener ton Roy dans ta Ville, peut estre que
tu attẽds que ie te persuade de faire à son merite vne entrée magnifique,
de tapisser les ruës, de faire bruler des feux de ïoye,
qui tesmoignent que tu brûles d’affection pour luy, de payer librement
les entrées, enfin d’employer ton argent dans des dépenses
magnifiques tout ensemble & inutiles. Rien de tout cela.
Ie te persuaderay seulement de demeurer dans la tranquilité
qu’il t’a donnée ; si ie t’exhortois à dõner au merite de leurs Maiestez
quelque chose de pompeux & de magnifique, tu volerois
de ioye. Ie te dis seulement, demeure en paix, éleue dans ton
cœur vn autel magnifique à ton Roy, fay le triompher de toy,
& non pas dans les ruës, & tu te mocques de moy, & ainsi estoufant
dans ton ame, toutes les asseurances d’vne paix stable & asseurée,
tu donnes entrée à des opinions scandaleuses à toy & à
la posterité, & par vne simplicité sans pareille, tu donnes des ailes
aux seditieux, pour voler iusques à l’authorité Royale.
 
Si ie pouuois t’interroger sans te reprocher ton crime, ie te
demanderois les motifs qui te font vjure en defiance, sur quels
fondemens tu l’establis, & enfin quel est son obiet.
Les approches d’vn ennemy, qui en approchant de nous, fait
approcher nos miseres, nous doit faire apprehender les malheurs
dont il nous menace. Lors qu’Alexandre sortoit de son
Royaume, & faisoit marcher deuant soy la Victoire, on voyoit