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Mazarinade n° A_6_12

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Anonyme [1649], MESSAGER DV CARDINAL DE RICHELIEV, ENVOYÉ DES CHAMPS ELISEES A IVLLE MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2460. Cote locale : A_6_12.


bien fait est comme vn grand ressort qui fait
mouuoir, & qui lie toutes les volontez, & c’est ce
qui fit dire autrefois à vn Empereur ces beaux
mots, Non mihi sed populo. C’est ce qui a fait dire
au Pere de l’eloquence romaine, que l’auarice
est vn vice difforme & indigne des Princes, & de
ceux qui sõt appellez au gouuernemẽt des Estats.
C’est le suiet ordinaire des plaintes, & ce qui a acoustumé
de porter les suiets à la rebelliõ & à la
desobeyssance. Vous estes d’vne condition qui
doit vous apprendre à mespriser les richesses, &
considerez ce que dit vn sçauant, que la seule
auarice ne donne, ny taxe, ny ordre à ses desirs :
car elle est tousiours au guet pour derober, &
iamais elle n’est contente, quant à moy, ie pense
qu’on ne sçauroit posseder de grands biens,
sans exciter l’enuie, comme on ne peut faire de
presens, sans acquerir de la gloire. Ie croy qu’il
ny a point de plus grand tresor pour vn Ministre
d’Estat, que d’acquerir la bien veillance des
peuples, & c’est par la seule liberalité qu’on
peut faire cette acquisition. C’est donner peu,
quand on ne donne que de l’or, pour vn cœur
qui est la plus noble partie qui soit en l’homme,
& celle dont la victoire est plus glorieuse, que
d’auoir vaincu par la force des armes tous les peuples
de l’Vniuers. Il me semble que cét Empereur