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Mazarinade n° C_7_48

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Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : C_7_48.


ait contribué dauantage à la duree de cét Estat, parmy la legereté
de nostre Nation sinon que le Parlement estant au milieu des
Grands & du Peuple, & participant de la condition des vns &
des autres, il les retient plus aisément dans leur deuoir. Aussi que
verroit on autre chose apres la ruine du Parlement, que confusions
& brigandages ? Où est ce que nous nous adresserions, pour demander
la vengeance de la profanation de nos Autels, & de nos
mysteres ? Quel seroit l’asile des pauures & des foibles, contre la
tyrannie des puissans, & la persecution des Riches ? Il y a mesme
vne infinité de rencontres, où les Rois en ont besoin, contre les
entreprises & l’infidelité de leurs vassaux ? On dira peut estre, que
les Souuerains exerceroient la Iustice par eux mesmes, ou par
des Commissaires. Mais ô Dieu immortel ! que cette Politique est
contraire à celle de nostre Monarchie, où nos Rois ont tousiours
laissé l’exercice de la Iustice vindicatiue à des Iuges ordinaires,
de peur d’attirer sur eux la haine de leurs Sujets, en les condamnant
eux mesmes, où leur donnant des Iuges suspects, & à leur deuotion.
Ainsi il reste qu’on laissast la Iustice aux Iuges inferieurs, ou
au Parlement, mais apres qu’on luy auroit osté de sa dignité : Toutesfois
si en l’estat où il est, il a tant de peine à retenir les passions &
la fureur des Grands : Comment est ce que de moindres Iuges ou
luy mesme apres la perte de sa splendeur, où la diminution de
son authorité en pourroit venir à bout. Mais, MADAME, on void
bien que ceux qui vous donnent des conseils si pernicieux, ne
craignent gueres, ou plustost qu’ils souhaitent tous ces desordres.
Et certes, s’ils auoient eu quelque affection pour la France, ils
n’auroient eu garde de vous conseiller la ruine de Paris, en quoy
il est visible, que consiste toute la force, toute la splendeur, &
toute la magnificence de ce Royaume. Ce n’est pas d’auiourd’huy
que Paris est la Ville Capitale de la France : Il y a plus de douze
cens ans que Merouée y establist le Siege de son Empire, & depuis
ce temps là, elle est montée à vne gloire si extraordinaire,
qu’elle estonne toutes les Nations Estrangeres. Il y a dans cette
Ville vne infinité d’Eglises de Palais de Prestres de Religieux, de
choses Sainctes, & de precieuses Or quand il y auroit quelques particuliers
qui auroient offensé vostre Majesté, est il possible qu’elle
consentist à la perte de tant d’innocens parmy quelques coupables,
à la ruine de tant d’Autels où l’on a si souuent sacrifié pour
elle le Corps & le Sang de Iesus Christ au violement de tant de
Religieuses, qu’elle a honorée de son amitié ou de sa protection,
& au massacre d’vn Peuple aux larmes duquel elle doit presque
autant qu’à ses prieres, la gloire qu’elle a d’estre Mere de nostre