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Mazarinade n° C_7_48

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Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : C_7_48.


croy cette verité dãs le cœur plus fermemẽt, que ceux qui font des
propositions tyranniques : mais de mesme, que Dieu tout puissant
qu’il est, ne sçauroit commettre d’iniustice : Ie ne pense pas que
les Rois, pour estre Souuerains, puissent violer les Loix de la Religion
& de la Nature. Enquoy donc consistera la Souueraineté
de leur Puissance ? I’ay appris de tous les Politiques, & Chrestiens
& Idolatres, qu’ils pouuoient vser absolument de la vie, & des
biens de leurs Sujets, dans les choses qui regardent l’exercice de
leur dignité ; en vn mot dans les rencontres où cela est necessaire
pour la defense de leurs Estats, ou leur conseruation particuliere,
dans la quelle celle de l’Estat est enfermée. Mais ie ne me souuiens
point d’auoir leu nulle part, que les Princes puissent rendre leurs
Sujets esclaues ou miserables à leur fantaisie, & que ce fust vn crime
au Peuple de se plaindre : Quand il void que sous le pretexte de
leur authorité, il y a des particuliers qui s’enrichissent de ses dépoüilles,
& qui boiuent son sang à longs traits. Ce n’est pas que
ie ne sçache, que Dieu commande à Samuel de dire aux Iuifs, que
les Rois disposeroient de toutes choses selon leur volonté : mais
il n’y a personne intelligent dans le langage de l’Escriture, qui ne
reconnoisse que Dieu voulant destourner son Peuple de l’élection
qu’ils vouloient faire d’vn Roy, il leur explique les maux qu’ils auoient
accoustumé de faire en ce temps là, & non pas ce qui leur est
permis dans l’vsage legitime de leur authorité. Et de sait quand
Roboan refusa aux Iuifs de diminuer les subsides que son pere auoit
imposé sur eux : Il est extrémement blasmé, d’auoir suiuy en
cela le conseil de ses ieunes Courtisans, & nõ pas celuy de ses anciẽs
Conseillers ; voire mesme on void bien que Hieroboan qui se soustrait
de son obeyssance, est repris d’auoir erigé vn autre Autel que
celuy de Hierusalem, mais non pas de s’estre plaint de l’oppression
du Peuple, & de la rigueur des imposts. Aussi il n’y a aucun passage
en toute l’Escriture Saincte, ou les Rois soient appellez les
Seigneurs des biens de leurs Sujets, excepté quand [1 lettre ill.]esabel se seruit
de cette maxime, pour persuader au Roy Achab de prendre
la vigne que Nacob refusoit de luy vendre pour l’acheuement de
son Palais : mais ie tremble, quand ie songe à la punition que Dieu
fit de ce Roy, & de cette mauuaise Conseillere, encore qu’il y eust
quelque apparence d’iniustice & d’inciuilité dans le refus de Nacob.
Ie n’explique pas en destail toutes les circõstances de cette Histoire :
Mais, MADAME, ie coniure vostre Maiesté de la lire dans
la saincte Escriture ; car elle y trouuera vne estrange leçon pour les
Souuerains, & pour ceux qui les portent à des extrémitez violentes.
Mais voyons, s’ils vous plaist, quel a esté le sentiment des sages