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Mazarinade n° C_7_48

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Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : C_7_48.


Souuerains sur ce suiet. Il y a ce beau mot dans le liure doré
de l’Empereur Marc Aurelle à son Fils : Abstiens toy, mon Fils, du
sang & du bien du Peuple, & suy en toute chose les auis du Senat.
Ce que Iacques, Roy d’Angleterre, recommande encore à son
Fils dans cét Illustre Present, qu’il luy a laissé pour son instruction.
Enfin le grand Sainct Louys, qui a laissé à son Fils les mesmes
preceptes qu’il auoit receus de sa Mere, luy recommande
entre autres choses, de ne point imposer de nouueaux subsides
sur son Peuple. Aussi Philippes de Commines l’vn de nos plus
grands Politiques, & de nos Historiés, & qui estoit pour le moins
aussi habile homme, & aussi grand Capitaine, que les flateurs de ce
siecle, & sçauoit aussi bien qu’eux, iusques où s’estẽdoit la Puissance
des Rois, enseigne neantmoins qu’ils ne doiuent iamais leuer de
nouuelles impositions sur leurs Suiets sans leur consentement. Or
quand ie n’aurois que ces deux exemples à alleguer à vostre Maiesté,
ie m’asseure que vous en seriez satisfaite. Et certes, qu’elle instruction
deuez vous proposer à vostre Fils que celle-là mesme que
S. Louys son Ayeul luy a laissé aussi bien que sa Couronne ? Et où
est ce qu’il pourra mieux apprendre le legitime vsage de sa Puissance,
que dans les escrits de Philippes de Commine, où Charles
V. vostre Bis ayeul, confessoit auoir appris le veritable Art de regner ?
mais voicy sans doute, qui surprendra vostre Maiesté. Il y a
dans le Conseil du grand Turc vn Tresor particulier où l’on met
l’argent des imposts, qu’on nomme en la langue du Pays, Aram
agemi cani, c’est à dire, le sang descendu du Peuple : Et par la Loy
de Mahomet, il luy est defendu comme vn crime execrable, d’employer
cét argent à vn autre vsage, que pour la conseruation de
ses Suiets, voire mesme l’Office des Partisans est à vn si grand
mépris parmy ces Infidelles, qu’il n’y en a point qui vueille receuoir
les Fermes du Prince, de sorte qu’on est contraint de donner
cette charge à des Chrestiens ou à des Iuifs. En verité, y a il rien
de plus honteux, que de voir qu’õ persecute parmy nous des Gens
comme des Seditieux & des Rebelles, parce qu’ils representẽt aux
Rois des veritez pratiquées par ces Empereurs, dont la memoire a
esté en benediction à tous les Siecles, pendant qu’on laisse triompher
à la Cour des ignorans & des Impies, qui veulent introduire
dans la France des maximes, dont les Tyrans mesmes ont horreur ?
Mais ie viens à ce qui s’est passé aux dernieres Barricades. On
vous a dépeint sans doute cette action comme extrémement criminelle,
& vn attentat contre l’authorité Royalle : Et moy au contraire,
i’ay tousiours creu que vostre Maiesté auoit receu en cette
rencontre, vne preuue bien sensible de la fidelité & de la sousmission