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Mazarinade n° A_6_39

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Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : A_6_39.


dire. En effect ie suis assuré que vostre Majesté n’auroit iamais
souffert qu’on luy eust proposé de ruïner ou mesme d’affoiblir le
Parlement & la ville de Paris, s’il y eust eu quelqu’vn aupres
d’elle assez zelé pour luy representer l’iniustice & l’importance
de ce dessein, & luy faire voir qu’on ne pouroit abbatre vne ouurage
de tant d’années & de tant de Roys, sans destruire en mesme
temps & la France & l’authorité Royale. Car, MADAME, que
pensez-vous que ce soit que cette Compagnie, pour qui on a tant
donné d’auersion à vostre Majesté ; Il n’y a personne qui ne sçache
qu’elle a tousiours esté l’asile des foibles contre la violance des
Grands, & le plus assuré rempart de la puissance de nos Roys contre
les factions des Rebelles ; voite mesme il est certain qu’elle a
esté instituée par vne Loy fondamentalle de ce Royaume, & du
mesme temps qu’on a mis la Couronne sur la teste des predecesseurs
de vostre fils. Et certes qui est-ce dans la Frãce, qui soit assez
ignorant dans nostre histoire, pour ne sçauoir pas que Charles de
Lorraine ayant esté chassé du throsne qui luy appartenoit par sa
naissance, on y éleua Hugues Capet dans les Estats generaux
qu’on tint pour ce sujet : & que dans ces mesmes Estats on crea
les Paris & les Officiers du Parlement de Paris, pour seruir de
temperament, non pas à la puissance legitime des Roys, mais à
l’insolence des Ministres qui en abusent ? Or, MADAME, qui
osera dire à vostre Majesté, qu’elle puisse pendant la minorité
du Roy, aneantir vne Compagnie establie par vne Loy si solennelle ?
Et mesme quand cela seroit en sa puissance, qui auroit-il
de plus dangereux que de destruire les moindres choses ordonnées
dans ces Estats, puis que ce sont eux qui ont formé presque toutes
les Loix fondamentales de cette Monarchie ? Et de fait, d’où
vient qu’on ne partage plus le Royaume comme on faisoit dans
les deux premieres races ? Il est certain que ce n’est qu’en vertu des
Ordonnances de Hugues Capet : mais si ce seroit vn attentat
execrable que de violer vne Loy si saincte & si iuste, qu’elle apparence
y a-il qu’on doiue ruïner vne Compagnie instituée par le
mesme Prince, & confirmée dans les mesmes Estats ? Mais qu’y a-il
de plus intollerable que le mespris qu’on fait de cet Auguste Parlement ?
au contraire il n’y a rien que les sages Politiques admirent
dauantage dans ce Royaume, de sorte qu’vn des plus habiles Italiens
de ce siecle a escrit seulement pour cette raison, que cette Monarchie
estoit l’Image & le modele d’vn parfait gouuernement.
Car de mesme que les Philosophes croient que ce qu’il fait subsister
le monde parmy les desordres que nous y voyons, c’est à
cause que les extremitez ne sont iamais vnies que par des corps qui
participent de la nature de l’vne & de l’autre. Aussi il n’y a rien qui