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Mazarinade n° B_12_54

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Anonyme [1652], GALIMATIAS BVRLESQVE SVR LA VIE DV CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_1463. Cote locale : B_12_54.



Qu’elle deuroit se souuenir,
Qu’en fin cela peut aduenir
Et que Brunehaut fut traisnée
Pour vne semblable menée,
Qu’vne espouse du grand Henry
Sur sa fin n’a pas tousiours ry
Dont l’Histoire, soit vraye ou fausse,
En maint endroit d’elle se gausse,
Quoy que gausser on ne deuroit,
Car Princesse tres-bonne estoit,
Bien que rien de bon il ne vienne,
De nation Italienne,
Mais d’où vient ce dit-on son mal ?
Certes d’vn rusé Cardinal,
Qui receut d’elle sa hautesse,
Elle enfin de luy sa bassesse,
Car chacun sçait s’il la voulu,
Qu’il luy donna du pied au cu,
Et que la pauure bonne Dame
Non fille, mais sœur, mere & femme,
Mere, sœur & femme de Roy,
Mourut en tres-piteux arroy.
 
 
Icy Cardinal tout de mesme,
Retient la puissance supreme,
Et se sert du bien & du mal,
Voire fait plus qu’vn animal,
Mais quoy qu’il die, & quoy qu’il fasse
Si faudra-t’il qu’vn jour il passe
Et fasse peut-estre le saut,
Apres auoir monté si haut ;
Dieu garde pourtant nostre Reyne,
Reyne puissante & Souueraine,
D’vn si sanglant encombrier,
Et de tomber en ce bourbier,
Il est bien gardé qui Dieu garde,
Mais pourtant qu’elle prenne garde,
Que Dieu ne garde pas tousiours,
Ceux qui joüent de mauuais tours,
Car Dieu n’est pas Dieu de finesse,
Il est Dieu de toute simplesse,
Et qui veut auoir son appuy,
Doit estre tout simple enuers luy,
Que iamais n’aura paix ni joye,
Tant qu’on la verra mettre en proye,
A la vengeance d’vn faquin,
La France, & tout son bulletin ;
Tant que le Parlement tres-sage,
Verra s’exposer à la rage,
D’vn miserable postillon,
Et d’vn detestable estellon,
Tant dis-je que Dame justice,
Verra Reyne la protectrice,
D’vn vray monstre Sicilien,
Et d’vn bardache Italien,
Tant que la Noblesse & les Princes
Verront Maistre de leurs Prouinces,
Vn chien de joüeur de beslang,
Qui n’a point d’égard à leur rang,
Qu’il leur baille vn pourpoint de pierre
Afin d’auoir licence entiere,
De piller & renuerser tout,
De l’vn iusques à l’autre bout,
Qui cependant qu’il met en cage
Les vrais miracles de nostre aage,
I’entends Longueville & Condé,
Inuente quelque tour de dé,
Fait leuer imposts & subsides,
Par mille sangsuës auides,
Et reduit le peuple au bissac,
Ne laissans ni frique ni frac,
Qui lors que les forces d’Espagne,
Viennent à se mettre en campagne,
Diuertit celle des François
A leuer des pretendus droits,
Et tandis qu’on en fait trophée
Nous amuse à voir son Orphée,
Afin d’enchanter nos esprits,
Par tant de machines de prix,
Qui pendant que le Canon donne
S’employe à caresser Madonne
Et laisse cet homme sans foy,
Prendre Armentiere au nez du Roy ;
Bon ie sens ma verue poëtique,
Ne disons rien que de critique,