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Mazarinade n° B_12_54

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Anonyme [1652], GALIMATIAS BVRLESQVE SVR LA VIE DV CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_1463. Cote locale : B_12_54.



Scauoit que chapeau Cardinal
Couuriroit teste d’animal,
Et sans vser de periphrase
Couuriroit teste de viedaze ;
Voire luy viendroit ce chapeau
Comme bague à groin de pourceau :
Tres bien sçauoit nostre Sainct Pere
L’infame vie du Compere ;
Sçauoit bien que ce desloyal
L’auoit fourbé deuant Cazal,
En trahissant le Roy d’Espagne,
Et l’Empereur en Allemagne.
 
 
Mais pas ne voulant Pere sainct
Pere de bonté tout enceint,
Refuser nostre grand Monarque
Iule eust enfin la rouge marque,
Non pas toutesfois in Sacris,
Innocent auoit trop apris,
Que Conciles de saincte Eglise
Ne permettent pas qu’on eslise,
Ou reçoiue aux Ordres sacrez,
Ni des bougres, ni des chastrez,
Non bougre, car ils sont infames
Non chastrez, car on craint que femmes
Qui comme chastrez C… n’ont
Au Sainct Siege fassent affront ;
Ainsi Iules ce bon Apostre,
Estant comme on sçait l’vn ou l’autre,
C’est à dire bougre, ou chastré,
N’en sera iamais emplastré,
Mais aux chastrez n’est pas semblable,
Chastré n’est pas de par le Diable,
On sçait trop que le garnement,
Est bougre, bougré & bougrant,
Et voila quand à la deffence
Du Saint Pere enuers l’Eminence.
 
 
Quelques vns qui sont sans respect
Et qu’on doit tenir pour suspect,
Disent tout plat que le Sainct Pere
Qui peut tout au Ciel, & en terre,
Voire encore bien au delà
Si lieux sont outre ces deux là,
Sçauoir le Limbe, & Purgatoire
Que chacun bon Chrestien doit croire,
Et que quiconque ne croira
L’indignation encourra
De ces deux bien heureux Apostres
Pierre & Paul, & de tous les autres,
D’aucuns disent, dis ie, en secret
Mais sont heretiques tout net :
Que nostre Sainct Pere le Pape,
Saint Pere à mitriffique cape,
Qui lie & deslie à son gré
Et hausse & baisse le degré :
Sainct Pere sous qui monde tremble,
Fait Cardinaux quand bon luy semble
Sans regarder à beaucoup pres
Circonstances deuant n’apres,
S’ils sont de bonne & sainte vie,
Que c’est dont il a moindre enuie,
Et pourueu qu’on crache au bassin
Tout est propre pour son dessein ;
Voila les discours d’heretiques
Qui disent qu’Ecclesiastiques
Sont vrayes pestes en l’Estat
Et qu’on n’en doit faire autre estat,
Adioustans que ces parricides
Ont fait esgorger nos Alcides,
Par leurs enseignemens damnez
Que les Arrests ont condamnez,
Raison, disent ils, si palpable,
Qu’elle seule seroit capable,
De bannir du Conseil des Roys,
Ces cruels infracteurs des loix,
A quoy ie diray pour responce
Bien qu’à leurs erreurs ie renonce,
Qu’il est vray que ceux du Clergé
Ont tousiours l’Estat submergé,
Dont fait foy l’histoire Françoise
Tant la nouuelle que Gauloise,
Et voudroit certainement mieux
Que ces gens tant ambitieux,
Se meslassent de leurs affaires
Et de lire leurs Breuiaires,