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Mazarinade n° A_6_44

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Anonyme [1649], NOVVELLES APPORTEES AV ROY LOVIS XIII. DANS LES CHAMPS ELISEES, Et son entretien auec les Heros & les principaux Seigneurs de sa Cour, touchant la funeste guerre que Mazarin a allumée dans la France. Et la description des principales choses qui sont arriuees depuis l’enleuement du Roy, qui est tout l’Histoire du temps. , françaisRéférence RIM : M0_2555. Cote locale : A_6_44.

ayant esté aduerty de l’arriuee de son fils, luy vint à la rencontre, &
l’ayant recognu aux traits de son visage & à l’emotion interieure qu’il
ressentit l’embrassa auec des tendresses qui ne se peuuent exprimer.
Luy de son costé, fut rauy de voir vn pere si glorieux, luy faire tant
de caresses, & le recognoistre pour son fils.
 
Comme ils estoient sur le poinct d’entrer dans ce cabinet d’où ce
sage pere estoit sorty, & qu’il brusloit d’enuie de sçauoir de son fils le
subjet de son arriuee. Le Roy Louis XIII. (toũsiours accompagné du
Cardinal de Richelieu) ayant appris la vẽnuë de ce ieune Seigneur,
commanda au Mareschal de Bassompierre qui se trouua pres de sa
Majesté d’aller faire venir le Duc de Rohan & son fils pour sçauoir des
nouuelles du monde, & sur tout de son Royaume de France, à quoy
ayant satisfait ; aprés que Tancrede eut fait la reuerance au Roy, il
commenca assez hardiment son discours, en cette sorte.
SIRE, ie ne suis pas assez sçauant dans les affaires d’Estat ; n’y assez
instruit des secrets du cabinet de la Reyne, que vous auez laissee
vefue & Regente du Roy Louis XIV. vostre fils, pour poũuoir
descouurir à V. Maiesté les motifs que cette grande Princesse a eus
pour souffrir que le Cardinal Mazarin enleuât le Roy de Paris durant
l’obscurité & le froit extreme de la nuict, ie ne vous diray non plus
ce qui a obligé ce meschant Ministre (auquel tout le monde donne
mille maledictions) de faire venil vne armee composee en partie
d’Allemans, de Suisses & de Polonnois, pour inuestir & bloquer la
ville de Paris, & tâcher de mettre tous les habitãs au desespoir par la
guerre & par la famine ; Ie diray seulement à vostre Maiesté que le
Parlement & quelques Princes & Seigneurs s’estans vnis pour resister
à ses horribles attentats, ont fait leuer des gens de guerre, non
pour attaquer, mais pour ouurir les passages des viures ; Et comme
ie desirois de signaller mon courage pour vne si bonne cause, &
obliger ma valeur a donner des preuues de ma naissance, ie receus
vn coup de pistolet à trauers le corps qui me donna cet auantage &
cette gloire d’auoir versé mon sang & employé ma vie tout le premier
au seruice de ma patrie. O Dieux ! est-il possible, dit le Roy, adressant
sa parole au Cardinal de Richelieu, que cet Estranger que i’ay
esleué de la poussiere, & qui m’a toute l’obligation de sa pompe,
abuse maintenant de la dignité où il est esleué proche de la Reyne,
& qu’au lieu de procurer par ses soins & par ses conseils le repos à
toute la Chrestienté ; & vne paix glorieuse à la France, il allume à present