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Mazarinade n° A_6_44

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Anonyme [1649], NOVVELLES APPORTEES AV ROY LOVIS XIII. DANS LES CHAMPS ELISEES, Et son entretien auec les Heros & les principaux Seigneurs de sa Cour, touchant la funeste guerre que Mazarin a allumée dans la France. Et la description des principales choses qui sont arriuees depuis l’enleuement du Roy, qui est tout l’Histoire du temps. , françaisRéférence RIM : M0_2555. Cote locale : A_6_44.


le flambeau ; funeste pour la consumer. Ha ! qu’on est bien trompé
dans le choix des hommes, & que ie cognois bien à present que
le Ministere des estrangers est dangereux, & sur tout de ceux qui ont
la naissance basse, & dont les mœurs ont tousiours esté deprauees
pendant la ieunesse. Alors le Cardinal de Richelieu respondit veritablement,
Sire, ie suis estonné de son ingratitude & de sa malice, &
ie ne puis comprendre le sujet qui l’oblige à faire la guerre au cœur
d’vn Estat, où il auoit succedé au Ministere, & que ie luy auois laissé
si soubmis & si abbatu ; Sur quoy le Mareschal de Bassompierre prenant
la parole, dit, Sire : Si vostre Maiesté à memoire de ce que ie
luy dis lors que ce meschant Cardinal hasta mon voyage par ses diaboliques
practiques, & me fit passer le fleuue d’Acheron plus viste
que ie n’eusse voulu, vous vous ressouuiendrez que ie discourus assez
pertinemment de l’absolu pouuoir que la Reyne luy auoit donné sur
toutes choses, & de la trop grande confiance qu’elle auoit en luy, ce
qui l’auoit rendu si insolent & si absolu, qu’il auoit vollé tout l’or du
Royaume par le moyen de mille execrables partisans qui auoient
traicte tous les François auec de tant d’inhumanité & de barbarie que
les demons n’auroient sceu en practiquer de semblables, ce qui sans
doute ayant continue, il est à presumer que les Parlemens & les plus
genereux Princes se seront sousleuez contre luy, & ainsi il aura voulu
se vanger par la guerre qu il a suscitee. Mais, dit le Roy, ie m’estonne
que la Reyne qui est si bonne & si deuote, & qui faisoit tant de
vœux & tant de prieres pour obliger le Ciel à nous donner la paix
aux premieres annees que ie fus contraint de la declarer & de la faire
si glorieusement à l’Espagne ; qu’à present elle ait changé son zele, &
qu’ayant le pouuoir de faire la paix mieux qu’alors, elle continuë
auec vne obstination scandaleuse vne si meschante guerre ; Alors le
Cardinal de Richelieu respondit, Sire, il faut que ie vous aduoüe que
ie suis dans vn estonnement sans pareil du changement de ceste bonne
Princesse, ce qui me fait croire qu’elle a esté ensorcellée par ce Sicilien
aussi bien que ie le fus apres le secours de Casal : car encore que ie
sceusse fort bien qu’il auoit fait son possible pour persuader à nos Generaux
d’accepter des conditions d’accord qui n’estoient pas trop aduantageuses
à la France, & que la seule valeur de nos guerriers, (qui
à toute force vouloient donner) le contraignit à en proposer de plus
glorieuses ; & que de la sorte il n’auoit pas tenu à luy que nous n’acceptassions
le moindre des trois expediens dont il estoit seulement le